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2016/4 Zeigt euch!

Un engagement commun pour les bibliothèques suisses?

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Pour être visible, la bibliothèque doit s’affirmer en tant qu’acteur important dans le champ de l’information, intégrée et active au cœur de la société, mais pas diluée en elle. Or cela ne saura possible sans avoir préalablement défini quel rôle elle entend occuper dans cette société. Et puis les bibliothécaires sont appelés, oui obligés, de dire, redire et le répéter aussi souvent que possible pourquoi l’institution bibliothèque est importante.

En m’invitant à partager quelques réflexions en préambule à leur journée de travail, la BIS et la CLP ont sollicité un ancien collègue qui a dirigé la Médiathèque Valais de 1988 à 2009 et qui est actuellement en charge du Service de la culture de son canton. En d’autres termes, je suis proche et distant. Suffisamment proche, puisque la Médiathèque Valais est, en taille, la plus importante unité de notre service et qu’à ce titre elle est également le point fort et la fédératrice du nouveau centre culturel des «Arsenaux» qui, à Sion, réunit Archives de l’Etat, Médiathèque, Service de la culture et promotion culturelle sous un même toit. Ceci n’est pas un hasard, car nous considérons, dans un canton au territoire étendu et qui ne connaît pas de grand centre urbain, les bibliothèques comme la base du système d’accès à la culture et à la connaissance pour tous. Pourquoi cette position centrale? Tout d’abord parce que les bibliothèques sont porteuses de valeurs importantes pour une politique culturelle, notamment celles de la diversité, de l’équité, de l’intégration sociale et de l’innovation. Elles permettent également de nourrir les débats sur l’identité par un matériel diversifié et ont su développer depuis longtemps le travail en réseau. Relisez le Message culture du Conseil fédéral pour 2016-20201et vous verrez que les valeurs dont sont porteuses les bibliothèques y sont fortement présentes. Ma position d’observateur distant me permet également de situer les bibliothèques par rapport aux autres institutions culturelles et je constate que, les premières, elles ont su intégrer massivement les technologies de l’information et de la communication dans leur offre et leurs outils et qu’elles ont été également pionnières en donnant une place centrale aux publics.

Cordonier Jacques 2016 Photo Olivier Maire

Jacques Cordonier

Jacques Cordonier, ou comme l’a babtisé le magazine L’Hebdo: Monsieur Culture Valais, est né et vit en Valais. Ancien élève de l’ École nationale supérieure des sciences de l’information et des bibliothèques (ENSSIB) à Lyon et de l’ École des hautes études en sciences sociales (EHESS) à Paris, il a assumé la responsabilité de l’ École de bibliothécaires de Genève avant de diriger à partir de 1988 la Bibliothèque cantonale du Valais devenue en été 2000 la Médiathèque Valais. Depuis l’année 2005 il est Chef de service du Service de la culture du Canton du Valais. (Photo: Olivier Maire)

Dire, redire, et encore redire pourquoi elles sont importantes

Actuellement, dans les médias et dans les conversations, la bibliothèque peut être considérée comme un «Auslaufmodell» et, dans le même temps, faire l’objet d’une attention soutenue. C’est ainsi qu’Intercités, une émission de la première chaîne de radio de la RTS, lui a consacré trois éditions de janvier à novembre 2016. Les bibliothèques paraissent en voie de disparition pour ceux qui, trouvant – ou pensant trouver - toutes les informations dont ils ont besoin dans le net, n’ont pas constaté que dans les faits les bibliothèques se renouvellent sans cesse dans leur manière d’accomplir leur mission. Cet intérêt pour les bibliothèques est une invitation qui est adressée à leurs responsables de dire, redire et peut-être redéfinir la place qu’elles entendent jouer dans la cité. Chaque fois qu’un micro est tendu à un bibliothécaire, chaque fois qu’une déclaration prédit la mort des bibliothèques: c’est une interpellation à redire pourquoi et en quoi elles sont importantes.

L’institution bibliothèque se réaffirme

J’ai eu peur! Au moment où l’Association des bibliothèques et bibliothécaires suisses (BBS) et l’Association suisse de documentation (ASD) préparaient leur fusion, la possibilité de dénommer la nouvelle association «Information Suisse»a sérieusement été évoquée. Qu’aurait été une telle association dans une «société de l’information»? C’eut été faire vœu et acte d’inexistence! J’avais mis ce «risque de dérapage» sur le compte de cette crainte qui a souvent saisi les bibliothécaires: celle d’être en retard d’une évolution. 
Le terme «bibliothèque» a été sauvé et aujourd’hui la réflexion sur le rapprochement entre BIS et CLP se fait sous la dénomination «Bibliosuisse ». Je perçois cela comme la réaffirmation de la primauté de l’institution bibliothèque dans la démarche actuelle et je m’en réjouis: parmi tous les agents qui, dans la société, s’occupent d’information il y a une institution qui s’appelle bibliothèque. Vous ne revendiquez pas l’ensemble du champ de l’information, mais vous affirmez être l’un de ses acteurs importants, la bibliothèque: intégrée, active au cœur de la société, mais pas diluée en elle. 
Cette institution pour ma part, je la définirai de la manière suivante. Elle est: 

  • Le pivot public du système d’accès au savoir et à la culture, alors que l’évolution rend l’information diffuse et invisible, elle la rend visible et elle facilite l’établissement de la distinction entre information et connaissance; 
  • Un lieu privilégié de l’intégration et du vivre-ensemble au cœur de la cité ou de l’université: du «learning center»à la bibliothèque de quartier elle permet à ses usagers, de manière ouverte et libre, de prendre distance des prescripteurs idéologiques ou commerciaux;
  • Un centre de compétences pour accompagner et faciliter l’accès à l’information, à la connaissance et à la culture grâce à un personnel producteur de valeur ajoutée ;
  • Un espace qui stimule la créativité individuelle et collective. 

La bibliothèque doit occuper des lieux

Cette mission, la bibliothèque l’exerce dans des lieux clairement identifiables tant dans l’espace physique, la ville, le village, l’université, que dans celui des réseaux numériques. Dans les deux cas, elle est un point de repère. Pour affirmer cette présence, une des voies possibles réside dans la traduction des valeurs dont la bibliothèque est porteuse en opportunités concrètes pour les usagers et pour la société. Quelles opportunités, quelles expériences, quelles prestations, mais également quelles relations de confiance la bibliothèque peut-elle offrir ou construire à partir des valeurs que les bibliothécaires ont inscrit dans leur code de déontologie: neutralité, diversité, démocratie partage, professionnalisme, optimisation de l’accès, autonomie des usagers, …? Quel rôle unique la bibliothèque entend-elle jouer pour chacun et pour la société à partir de ces affirmations qui définissent son identité? 

Si enfin, les bibliothèques, à travers leur structure commune, savent «raconter une histoire à la Suisse et aux Suisses», elles seront visibles. Il y a une trentaine d’année, au moment où les bibliothèques tentaient d’abandonner leur visage d’austérité, les bibliothécaires québécois avaient lancé une campagne de publicité avec le slogan «Il y a du plaisir sous la couverture» l’accompagnant d’illustrations suggestives. Quels désirs, quelles expériences et quelles émotions voulez-vous offrir aujourd’hui avec le produit Bibliothèque? 

Ce texte est un résumé de l’intervention prononcée à l’invitation des associations BIS et CLP à l’occasion de la réunion concernant l’avenir des associations de bibliothèques à Bienne le 7 novembre 2016.

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Abstract

Jacques Cordonier, seit 2005 Chef der Dienststelle für Kultur des Kantons Wallis und davor sieben Jahre lang Leiter der Walliser Kantonsbibliothek, die unter seiner Ägide zur Mediathek Wallis entwickelt wurde, teilt in diesem Artikel seine Einschätzungen über einen geeinten Auftritt aller Schweizer Bibliotheken unter dem Dach eines Verbandes «Bibliosuisse».

Als externer aber nicht ferner Beobachter stellt er fest, dass die Bibliotheken in Konversationen und in Medien regelmässig als Auslaufmodell taxiert werden, gleichzeitig schaffen sie es aber, immer wieder Gegenstand der Aufmerksamkeit zu sein und zu bleiben. Dieses Interesse muss als Einladung an die Verantwortlichen verstanden werden, immer wieder zu erklären, zu betonen und zu wiederholen, warum und inwiefern Bibliotheken wichtig sind. 
Der Autor begrüsst, dass sich die Bibliotheken nach längerem Suchen wieder auf ihre ursprüngliche Denomination – eben «Bibliothek» – zurückbesinnen. Für ihn ist diese Bezeichnung nicht überholt und hat auch nichts Altmodisches, sondern erlaubt im Gegenteil die Bibliothek als relevante Akteurin in der Gesellschaft – auch im virtuellen Raum – zu positionieren. Die Bibliothek müsse gar nicht versuchen, den (selbst gewählten) Anspruch zu erfüllen, das gesamte Feld der Information abzudecken, sondern könne sich mit Stolz als eine Instanz des Informationszugangs und der Informationsvermittlung positionieren. Als solche ist sie der zentrale Dreh- und Angelpunkt für den Zugang zu Information und Kultur – klar, erreichbar, verständlich, während die Informationsmasse rund um die Menschen herum immer diffuser und undurchsichtiger wird. Für Jacques Cordonier ist klar: Wenn die Bibliotheken der Schweiz und ihren Bewohnern eine Geschichte zu erzählen wissen, dann sind sie sichtbar.