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2015/3 GLAM und Wikimedia

De ISAAR(CPF) à Wikipédia … Plaidoyer pour une mise en réseau des résultats de nos travaux

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Quel professionnel n’a jamais été frustré de ne pouvoir modifier une erreur flagrante dans un ouvrage qu’il consulte? De ne pouvoir compléter une notice biographique avec un élément qui a été omis? Finalement, lequel d’entre nous n’a pas rêvé d’offrir l’accès le plus simplifié possible à toute l’information que nous produisons jour après jour?

Pourquoi tout cela ne serait pas possible? Voici quelques analyses tirées de mon expérience et pistes pour rendre à ces rêves leur réalité.

Lors de mon travail en archives, j’ai rédigé des notices d’autorité pour décrire les producteurs de fonds conservés. Comme tout archiviste et bibliothécaire. Le résultat est un travail bien fait, très professionnel, structuré selon la norme de description ISAAR(CPF), et qui prend du temps.

En tant qu’historienne, j’ai contribué à la rédaction d’articles pour le Dictionnaire historique de la Suisse (DHS), pour documenter des personnalités, des lieux ou des institutions helvétiques. Comme tout scientifique. Le résultat est un ensemble d’études ou de synthèses encyclopédiques, réalisées selon les normes du métier (ici l’histoire), sourcées, souvent financées par une maison d’édition ou un centre de recherche.

Or, une fois qu’ils ont été publiés, il est difficile de compléter ces notices d’autorité ou ces articles encyclopédiques. Peu importe si j’ai trouvé à posteriori de nouveaux éléments pertinents ou que je souhaiterais apporter ma contribution à d’autres notices ou articles en relation avec ces recherches.

Pour changer cet état de fait, j’ai commencé à modifier, sur mon temps libre, des articles là où je le pouvais, c’est-à-dire dans l’encyclopédie participative en ligne Wikipédia: corriger des erreurs au début, puis compléter des articles avec des liens vers des ressources existantes (références bibliographiques ou fonds d’archives, articles dans d’autres langues, images), ajouter des informations ou simplifier des descriptions, finalement créer des articles. Comme tout passionné présent dans les projets Wikimédia.

Ce travail, souvent bénévole, est parfois très bien fait, parfois plus douteux, mais il peut toujours et en tout temps être amélioré. À partir des sources qu’ils connaissent, selon des schémas plus ou moins libres, dans les langues qu’ils maîtrisent, dans les outils qui leur conviennent, les wikipédiens ont comme but de partager leur savoir et de le mettre en discussion. En tant que professionnelle de la gestion de l’information, ce sont des valeurs auxquelles j’adhère parfaitement.

Au final, j’ai donc participé à l’élaboration de trois produits d’information très semblables, mais en même temps à trois mondes qui interagissent difficilement entre eux. Comment sortir de cette situation? Pour en saisir mieux le problème, prenons l’exemple concret de la description d’un organisme: l’ancien quotidien suisse dénommé Journal de Genève.

L’autorité «Journal de Genève» a été décrite dès 2005 dans l’encyclopédie Wikipédia1 par une multitude de personnes et dans six langues différentes. En 2006, les Archives de la Ville de Genève (AVG), dépositaire du fonds d’archives de ce journal, publient sur leur site internet sa notice d’autorité: l’histoire du Journal de Genève, ses fonctions et activités, son organisation interne ou encore son contexte historique général, avec des renvois vers toute une série de sources complémentaires2.

Dans le Dictionnaire historique de la Suisse (DHS), l’article en ligne sur le Journal de Genève paraît en 20083 par Ernst Bollinger, spécialiste de la presse suisse payé pour faire ce travail, d’abord en allemand, puis traduit en français et italien. Au final, trois notices qui racontent plus ou moins la même chose, trois fois le travail fait par des personnes différentes. Et aucun lien entre ces différentes descriptions. L’article du DHS ignore superbement le fonds d’archives conservé aux AVG, Wikipédia renvoie depuis 2015 à l’inventaire des AVG (parce qu’un wikipédien, en l’occurrence moi, savait que le fonds du Journal de Genève existait aux AVG4), mais ne mentionne pas l’article du DHS (alors qu’il existe un modèle Wikipédia5 pour le faire), et la notice des AVG ne s’appuie apparemment sur aucun de ces travaux encyclopédiques.

Au final, si – comme la plupart des terriens – j’ignorais l’existence du Dictionnaire historique de la Suisse et des inventaires de fonds d’archives et que je cherche «Journal de Genève» dans un moteur de recherche en ligne, certainement seul l’article Wikipédia à ce sujet apparaîtrait rapidement dans mes résultats. L’accès aux descriptions «professionnelles» (et payées par la collectivité) du DHS et des AVG est bien plus compliqué et ces descriptions sous-exploitées, sauf si, on y revient, Wikipédia les référence.

Ainsi, des personnes pleines de bonne volonté et de curiosité s’évertuent, souvent sur leur temps de loisir, à compléter une encyclopédie en ligne de référence qui est employée tous les jours par la plupart des internautes de ce pays. Au même moment, ces mêmes contribuables paient (par leurs impôts) des spécialistes de la gestion de l’information pour rédiger (parfois à double) des notices et des articles qui restent la plupart du temps inconnus de ce même grand public.

N’y aurait-il pas là un problème? Ne pourrait-on pas rêver de mettre en réseau nos compétences et nos travaux afin de les rendre complémentaires, tout en évitant les doublons? Ne pourrait-on pas par ailleurs reconnaître les avantages professionnels que nous aurions à contribuer à l’encyclopédie Wikipédia en y déposant les informations que nous avons rassemblées et dont on nous a confié la mise en valeur?

Les biologistes l’ont bien compris, eux qui ont relié leur base de données sur les familles de protéines Pfam6 avec les articles participatifs de Wikipédia. En modifiant l’un, on interagit sur l’autre et les scientifiques peuvent bénéficier des retours de personnes qui ne sont pas de leur milieu. En voilà une idée géniale. À quand donc une gestion partagée et rationnalisée de nos notices d’autorité? Je rêve, mais je ne désespère pas d’être entendue.

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Gilliane Kern

Master of Science en Information documentaire en 2011 à la Haute école de gestion de Genève, conjointement avec l’École de bibliothéconomie et des sciences de l'information (EBSI) de l'Université de Montréal.

Archiviste et conseillère en gestion documentaire depuis 2012 pour la société docuteam, elle est membre de la direction et responsable en Suisse romande des projets de gestion de l’information, du Service intercommunal d’archivage dans le canton de Neuchâtel (SIAr) et représentante des activités en archivage électronique.

Elle fait partie du comité de rédaction d'arbido depuis 2014 et du comité de l’Association des archivistes suisses (AAS) depuis 2015.

Sous le pseudo Gilliane, elle est aussi wikimédienne et cherche à optimiser le travail des archivistes (et autres professionnel·le·s GLAM) par les outils Wikipédia, Wikidata, Wikimedia Commons et Wiktionary.

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Die I+D-Fachleute erschaffen unzählige Personen-, Institutions- und Familienverzeichnisse. Finanziert wird diese Arbeit grösstenteils von der öffentlichen Hand, und dennoch wird das Resultat dieser Arbeit von der sie finanzierenden Öffentlichkeit kaum verwendet. Denn wenn die Öffentlichkeit Informationen sucht, findet sie diese in der Enzyklopädie Wikipedia. Warum machen die I+D-Fachleute es nicht wie die Biologen, die mit der frei zugänglichen Proteinnamen-Datenbank Pfam ein Kompetenznetz zwischen Spezialisten und Öffentlichkeit gewoben haben? Warum verteilen sie ihre Erschliessungen nicht über Projekte wie Wikipedia? Die Autorin vertritt die Meinung, dass dies eine Möglichkeit wäre, um das Wissen der I+D-Fachleute bekannt zu machen und somit aufzuwerten.