Commentaires Résumé
2010/3 L’héritage de Gutenberg se virtualise! E-Books et al.

E-Books et écriture

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Interview avec Gilbert Salem, écrivain et journaliste

Gilbert Salem, le livre électronique, E-Book ou livrel, est un thème relativement récent pour le grand public, l’est-il également pour les écrivains?

Les écrivains ni les éditeurs ne me semblent s’être précipités sur le sujet, en tout cas à ma connaissance. En revanche, il est clair que les journalistes – notamment spécialisés dans les nouvelles technologies – s’y sont intéressés dès l’annonce de l’arrivée des premiers livres électroniques sur le marché, en 2008. Je me permets quant à moi de vous renvoyer ici à la fiche publiée par l’éditeur Campiche à propos de mon livre Trois hommes dans la nuit, où, bien qu’affirmant ma préférence pour la version classique des livres, je dis également que «l’élasticité textuelle et tous les accessoires techniques de leur nouvel avatar électronique (capacité de stockage, possibilités d’interaction)» ne sont de loin pas dénués d’intérêt.

En bref, j’ai un a priori positif pour le livre électronique, car il constitue un appoint indéniable, et pour le lecteur et pour l’écrivain.

Les éditeurs semblent pourtant être un peu plus frileux. Comment expliquez-vous leur relative prudence? 

Mon éditeur, Bernard Campiche, considère que ce nouveau support ne dérange nullement, à condition bien sûr qu’on puisse le vendre. Vous comprendrez donc que, pour les éditeurs, c’est surtout la question des droits d’auteur qui est essentielle ici. On ne saurait le leur reprocher. Cela dit, je pense que leur attitude sera nettement moins timide lorsqu’on aura résolu cette épineuse question des droits.

Lors du Salon du livre à Genève, nous avons constaté que les éditeurs francophones étrangers avaient une longueur d’avance en matière d’édition de livres électroniques, et que leurs catalogues commençaient à s’étoffer dans ce domaine. Pourquoi cela n’a-t-il donc pas encore démarré en Suisse?

A part la question des droits, que je viens d’évoquer, il ne faut pas oublier toute la tradition du livre et de l’imprimerie qui marque fortement notre pays. La Suisse, et la Suisse romande en particulier, est un pays de lecteurs très attaché à cette tradition. Le livre fait depuis toujours partie de notre horizon de sens, ce qui atténue quelque peu l’engouement que peuvent susciter les nouvelles technologies éditoriales. L’E-Book finira bien sûr par venir, mais ce ne sera pas, selon moi, la ruée. D’autant plus qu’il faut aussi considérer un aspect pratique: à la plage ou dans le train, un appareil électronique sera beaucoup plus tentant à subtiliser qu’un pavé de 800 pages ...

Il y a aussi l’aspect conservation: le papier tient beaucoup plus longtemps que les enregistrements sur supports électroniques, non?

C’est, en effet, toute la question de la vie du livre. Quand on sait qu’en France l’on considère qu’un livre à une vie économique de 14 ans, ce qui est déjà une déclaration horrible en soi, cela signifie que le livre classique n’est pas pérenne non plus et qu’il disparaît rapidement de la circulation. L’arrivée des appareils électroniques va encore accélérer ce phénomène, quoiqu’il faille relever ici que, grâce à Internet, il est possible de retrouver des articles et des documents qui ne sont plus disponibles depuis longtemps sous leur forme physique ...

Entretien mené par Stéphane Gillioz, rédaction arbido

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Gilbert Salem

Chroniqueur depuis 31 ans au journal «24 heures», à Lausanne, Gilbert Salem est né en Iran. Il vit en Suisse romande depuis sa petite enfance. En 1995, il a publié chez Bernard Campiche son premier roman, Le Miel du lac (Prix littéraire Lipp Genève 1996 et Prix Alpes-Jura 1996) suivi en 1997 du récit A la Place du Mort (Prix des Auditeurs 1997 et Prix Genève- Montréal 1997). En 1999, il fut l’auteur du livre officiel de la Fête des Vignerons, de Vevey.

Résumé

Es sind eher die Fachjournalisten und nicht so sehr die Schriftsteller, welche das Thema E-Books aufgenommen haben. Salem selbst sieht das E-Book eher positiv, es bietet Vorteile für den Leser wie für den Autor (Interaktion, Speicherplatz, Gewicht). Herausgeber sind skeptisch, solange die Urheberrechtsfrage nicht geklärt ist. Von der Grundeinstellung her sind sie aber offen. Die Leserschaft, gerade in der Romandie, hängt sehr am Buch auf Papier, es hat Tradition. Die Lebensdauer von Büchern wird durch die Elektronik weiter verkürzt werden. Das Internet bietet auf der anderen Seite Zugriff auf Werke, die es gedruckt schon lange nicht mehr gibt.