Commentaires Résumé
2009/4 Bewertung als Kernaufgabe der I&D-Welt

L’embarras du choix. L’avenir des archives photographiques Actualité Suisse Lausanne (ASL)

Commentaires Résumé

Il n’est pas nécessaire de rappeler l’importance de la photographie pour l’histoire du XXe siècle, mais l’accès aux sources n’est pas toujours simple. Pour les historiens, l’importance des archives ASL s’explique non seulement par son ampleur, mais également par sa documentation.

Les archives

En 2006, le Musée national suisse a pu acquérir les archives de l’agence photographique de presse Actualité Suisse Lausanne fondée en 1954 et qui a cessé ses activités en 1999. La collection est constituée d’environ cinq millions de négatifs et de photos noir-blanc auxquels s’ajoutent environ 600 000 diapositives couleur. Elle couvre tous les domaines de la vie publique en Suisse: la politique, l’économie, le sport et la vie quotidienne, tout ce qui peut intéresser la presse. Les archives d’ASL contiennent également les fonds de l’agence Presse Diffusion Lausanne, active de 1937 à 1955 environ. Les archives reflètent les demandes des revues illustrées et de la presse quotidienne depuis les années 1930 jusqu’à la fin du XXe siècle et témoignent de l’importance croissante de l’image pour l’information quotidienne. Dans les fonds de Presse Diffusion Lausanne se trouvent non seulement des photos liées à l’actualité, mais également plusieurs centaines de reportages sur la vie quotidienne en ville et à la campagne dans les années 1940 et 1950. Cette collection de reportages revêt un intérêt particulier, car non seulement les photos sont conservées, mais le dossier contient également les légendes, le texte du reportage et les coupures de presse comme pièces justificatives. Il est donc possible de suivre le travail des rédactions, leur choix et leur mise en page.

Il n’est pas nécessaire de rappeler l’importance de la photographie pour l’histoire du XXe siècle, mais l’accès aux sources n’est pas toujours simple. Pour les historiens, l’importance des archives ASL s’explique non seulement par son ampleur, mais également par sa documentation. Chaque négatif est classé et documenté par une légende souvent très précise. ASL constitue ainsi pour les historiens des archives de photographies l’un des plus importants fonds pour l’histoire suisse du XXe siècle.

Les archives sont minutieusement classées selon les besoins d’une agence de presse par personnages et par thèmes selon l’ordre alphabétique. En suivant la logique de la demande journalistique, il est facile de s’y retrouver. La première tâche sera donc d’établir un mode d’emploi, un instrument de recherche pour permettre l’accès aux documents, les mots clefs du monde de la presse n’étant pas toujours ceux des historiens.

Perspectives de conservation

L’état de conservation des fonds est très inégal. Si la plus grande partie des documents est dans un bon état, certaines parties ont subi des dégâts à la suite d’une inondation il y a vingt ans. Les restaurateurs constatent tout de même que la situation est stable et qu’une dégradation subite n’est pas à craindre. Mais d’ici quelques décennies, nous devons nous attendre à une lente dégradation, voire une décomposition des diapositives, des négatifs et des tirages sur papier. La dégradation pourrait être ralentie en utilisant des enveloppes désacidifiées, mais réemballer systématiquement six millions de documents demanderait plus de 50 ans de travail et n’est donc pas envisageable ni raisonnableCalcul d’après: Axel Metz: Nicht jedes Bild sagt mehr als tausend Worte. Überlegungen zur archivischen Bewertung von Fotobeständen, in: Rundbrief Fotografie 14. Nr. 4, 2007 pp. 14–22, note 16.. Et encore: qu’en sera-t-il dans 100 ou 200 ans? Personne ne peut nous donner une réponse et ce serait reporter le problème sur les générations futures.

Il y a donc un double problème: d’une part un choix s’impose et donc il faut faire une évaluation selon des critères à établir et d’autre part il est nécessaire de trouver sous quelle forme l’image et l’information qui s’y rapporte seront conservées à long terme. Pour traiter ces deux aspects, nous pouvons profiter de l’expérience des archives confrontées à des cas similaires dans le cadre de la conservation du patrimoine visuel. Les archives de l’Etat de Berne ont joué notamment un rôle de pionnier dans ce domaineVoir notamment Nora Mathys, Welche Fotografien sind erhaltenswert? Ein Diskussionsbeitrag zur Bewertung von Fotografennachlässen, in: Der Archivar. Mitteilungsblatt für deutsches Archivwesen, 2007, 1, 34–40 et Sandra Teremoana Hüberli, Der Fotonachlass von Martin Hesse im Staatsarchiv Bern. Überlegungen zur Aufarbeitung eines Fotonachlasses unter besonderer Berücksichtigung von Bewertung und Kassation bei Fotografien in Archiven. Master-These, Universität Krems, 2008.. Et c’est de concert avec les archivistes que nous proposons aujourd’hui une solution.

La conservation à long terme des photos a été largement discutée depuis plusieurs années. La numérisation qui, il y a dix ou vingt ans, paraissait la solution magique s’est révélée plus complexe à gérer que l’on ne l’avait imaginéKarl Böhler (éd.), Scan oder Mikrofilm: Ja, nein, beides?! Zurich, 2001.. Les coûts de la copie pérenne numérique sont difficiles à chiffrer, mais on a estimé que la conservation d’un fichier électronique d’une photo à haute résolution coûte 200 fois plus par siècle que la conservation d’un document sur support analogiqueRenseignement de Kurt Deggeler, directeur de Memoriav.. On en a déduit que la microfiche est actuellement le médium qui permet une conservation à long terme à un prix raisonnable. Ceci permet de se limiter à une numérisation à moyenne résolution comme instrument de travail, de recherche et d’impression. La microfiche remplacera donc avec le temps l’original dont nous ne connaissons pas la longévité comme objet de référence. Ceci permet une gestion durable des fonds sans frais consécutifs incalculables pour les générations futures.

L’embarras du choix

Demeure une question incontournable: quelles images doivent être conservées? Pour certaines séries la réponse est claire: toute la série des reportages doit être conservée dans son intégralité. Mais il ne s’agit que de quelques milliers de photos et documents et nous pouvons suivre les procédures mises à l’épreuve dans des cas similaires.

Le problème se complique lorsqu’on est confronté à des séries qui se comptent par centaines de milliers, voire par millions. Une approche systématique de tous ces fonds est illusoire. Une évaluation enveloppe par enveloppe demanderait des décennies de travail qu’il vaut mieux investir dans la mise en valeur des collections.

Il n’est en outre pas possible de confier des unités thématiques entières à d’autres institutions, car un sujet peut apparaître dans une collection thématique ou alors très souvent sous le nom d’un personnage. On trouvera Roger Federer sous la rubrique «tennis», comme on trouvera du tennis sous le nom de «Roger Federer» dans la série alphabétique des personnages.

Nous proposons donc un système que l’on pourrait appeler une évaluation par extraction. Il y a des thématiques pour lesquelles les historiens du Musée national sont parfaitement conscients de leur importance sur le plan historique. Mais l’intérêt des conservateurs du Musée national ne peut être qu’un critère d’évaluation parmi d’autres. Heureusement la «soif d’images» est grande dans tous les domaines de l’histoire et chaque spécialiste trouvera dans les archives photographiques des images qu’il jugera importantes pour le patrimoine visuel dans son domaine. Par exemple, aucun des conservateurs du Musée national ne pourrait proposer un choix parmi les centaines de milliers de photographies de sport; mais chaque discipline sportive a ses spécialistes qui sont à la recherche d’images et qui peuvent conseiller le Musée national. Il est évident qu’aucune thématique ne sera exclue a priori; ce n’est pas la tâche du Musée de définir quels thèmes sont dignes d’être retenus et lesquels ne le sont pas. Comme dans d’autres archives, la pluralité des approches doit être maintenue. C’est donc au rythme de la recherche scientifique et en étroite collaboration avec d’autres musées et institutions qu’un choix sera faitLe problème se pose également pour d’autres institutions et d’autres fonds: Simone Chiquet, Die Bewertung im Schweizerischen Bundesarchiv, in: Studien und Quellen 29, Bern, 2003, 363–401,P. 384 «Zum ersten Punkt [wissenschaftlicher Hintergrund] ist festzuhalten, dass es unabdingbar ist, Vertreterinnen und Vertreter aus verschiedenen Fachrichtungen zu berücksichtigen, ansonsten man Gefahr läuft, wichtiges Hintergrundwissen nicht zur Verfügung zu haben und demzufolge schlecht fundierte Entscheide zu treffen.». Les séries d’archives restent ensemble, se dégradant probablement dans quelques décennies, et le Musée national gagne une collection d’images choisies en fonction de vues diverses. Ce procédé par étapes permet de réexaminer régulièrement les critères d’évaluation et de les réadapter à de nouveaux besoins ou possibilités. Nous sommes conscients que ce que l’on considérait indigne d’être conservé il y a dix ans peut être jugé différemment aujourd’hui ou dans vingt ans. En outre le Musée national veillera à ce que la collection reflète la diversité des archives, et qu’elle constitue un échantillonnage de la photographie de presse du XXe siècle.

Le procédé proposé permet aussi de prévoir un financement par étapes clairement définies et d’avoir accès à des ressources extérieures en fonction des thèmes traités.

L’état de conservation des archives doit être contrôlé régulièrement. Si certaines séries de photos ou de négatifs risquent de se dégrader plus rapidement que d’autres, ce constat servira également de base pour définir les priorités des travaux.

La solution que nous proposons ne permet pas de réduire, à court terme, la masse des documents, ce n’est qu’en fonction de la dégradation inévitable des photos que le musée pourra et devra se séparer au fur et à mesure des originaux. Nous connaissons ce phénomène dans le domaine de l’archéologie souvent confrontée à des problèmes similaires.L’original ne pouvant être conservé, c’est la copie ou le dessin qui devient le document de référence pour les générations futures.

Que restera-t-il dans cent ans? Tout laisse supposer qu’une grande partie des originaux ne sera plus consultable et donc vouée à la destruction. Au contraire de la disponibilité immédiate, la longévité des photos n’a jamais été le souci primordial des agences. Mais grâce à une évaluation selon les règles établies, une collection importante d’images reflet de tous les domaines de la vie quotidienne, des grands et petits événements, des personnages connus ou oubliés constituera un témoignage unique de la photo de presse du XXe siècle. Elle servira de complément et souvent de clé aux collections conservées – sous une forme ou une autre – de la presse imprimée.

Dans son message de 1889 adressé au Parlement sur la fondation du Musée national, le Conseil fédéral avait postulé que le nouveau musée devait être «das grosse Bilderbuch der Schweizergeschichte» (en français traduit par «l’atlas de l’histoire suisse»). Les archives de presse ASL en seront une partie importante pour le XXe siècle. 

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François de Capitani

Musées nationaux suisses

Résumé

Das Archiv besteht aus fünf Millionen Schwarzweissfotografien und 600 000 Farbdias, die die Aktualität und die verschiedenen Facetten des Alltags in der Schweiz seit den dreissiger Jahren bis in die neunziger Jahre illustrieren. Es umfasst nicht nur die politische Aktualität, sondern auch das Wirtschaftsleben, den Sport sowie das tägliche Leben. Gerade die Bestände der Fotoagentur Presse Diffusion Lausanne (1937–1955), die in die Bestände der ASL integriert sind, zeigen Fotoreportagen über den Alltag in der Stadt und auf dem Land aus der Zeit der vierziger und fünfziger Jahre des letzten Jahrhunderts. Nicht nur Fotos, sondern auch Reportagen und Zeitungsausschnitte werden als Belege der geleisteten Pressearbeit aufbewahrt. Die Bestände des Fotoarchivs sind in unterschiedlich gutem Zustand. Für die Langzeitarchivierung stellte sich die Frage einer Digitalisierung oder einer Mikroverfilmung der Bestände. Mit dieser Frage ist auch eine Bewertung der vorhandenen Archivbestände verbunden. Hier stellte sich die Frage, nach welcher Methode vorgegangen werden soll. Im vorliegenden Fall wurde eine Bildevaluation nach ausgewählten Themen als Vorgehensweise gewählt. Die Spezialisten des Landesmuseums bestimmen nicht allein die Auswahl der Bilder, vielmehr ist man bemüht, eine Art Abbild der Schweizerischen Pressefotografie zu erstellen. Viele der heutigen Originale werden in hundert Jahren nicht mehr zur Verfügung stehen. Dieses Verfahren der Bewertung wird den Umfang des Archives kurzfristig nicht verringern, aber es wird dem Anspruch gerecht, den der Bundesrat bei der Gründung des Natio- nalmuseums nannte: Es soll «das grosse Bilderbuch der Schweizergeschichte» werden. Die Archivbestände des ASL werden für das 20. Jahrhundert sicher ein wichtiger Beitrag dazu sein.