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Hommage à Gabrielle von Roten

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Hommage à Gabrielle von Roten, 1948 – 2019, ancienne cheffe du Service de coordination des bibliothèques de l’Université de Genève et force motrice derrière la fondation du Consortium des bibliothèques universitaires.
Ecrit par Alain Jacquesson, ancien directeur de la Bibliothèque de Genève, et Michel Gorin, maître d’enseignement HES, HEG-Genève. Cet hommage paraît également dans la revue de l’AGBD, Hors-Texte (no 117, septembre 2019).

Valaisanne d'origine, Gabrielle von Roten passe son enfance en Autriche où elle obtient sa maturité. En 1970, elle est diplômée de l'Ecole de bibliothécaires de Genève. Après avoir travaillé à Zurich, elle gère pendant trois ans le centre de documentation de l'institut de formation de l'UBS.

A trente ans, elle entre à l'Université de Genève où elle est en charge, pendant onze ans (1978–1989), de la bibliothèque de l'Ecole de traduction et d'interprétation (ETI). De 1980 à 1984, Gabrielle von Roten assume la présidence de l'Association genevoise des bibliothécaires diplômés (AGBD). Dès son entrée en fonction, elle prend en charge le dossier de l'évaluation des fonctions à l'Etat.

En 1984, la bibliothèque de l'ETI est une des premières à être informatisée et à travailler sur la base de données commune que Genève construit avec les autres bibliothèques romandes, autour du système Sibil. Gabrielle von Roten maîtrise parfaitement cette première transformation. Au printemps 1987, un premier CD-Rom est installé à l'Université, dans sa bibliothèque. Gabrielle von Roten forme les étudiants à l'interrogation d'une des premières bases de données terminologiques canadiennes. Puis ce sera l'interrogation des bases de données en ligne, notamment la base multilingue des Communautés européennes.

Face à cette profonde évolution du métier de bibliothécaire, en 1987, Gabrielle von Roten s'inscrit au CESID (Certificat de spécialisation en information documentaire) dispensé conjointement par l'Université de Genève et l'EBG, dont le programme est basé sur trois piliers: l'informatique, la gestion et les sciences de l'information.

En 1989, Gabrielle von Roten obtient le poste de responsable du Service de coordination des bibliothèques de l’Université (SEBIB). Dans un premier temps, elle gère, avec son équipe, l'informatisation successive de différentes bibliothèques de l'Université et des institutions proches. Parfois, il faut récupérer des données, les transformer et les réinjecter dans la base romande.

L'Université s’agrandit également, elle va inaugurer un nouveau bâtiment à Uni Mail. Gabrielle von Roten et le vice-recteur Bernard Levrat et leurs équipes respectives, vont installer un système local, alors que l’Université met en place un nouveau réseau informatique. En septembre 1992, UniMail est inaugurée avec des bibliothèques disposant du prêt informatisé.

En 1994, les autorités du Réseau romand décident de migrer vers un système commercial, également choisi par la Bibliothèque nationale, VTLS. Une migration fondamentale : des méthodes de travail à changer, des centaines de bibliothécaires à réorienter, de très grosses difficultés à surmonter. En 1995, c'est l'arrivée d'Internet dans les bibliothèques : le service de Gabrielle von Roten est l’un des deux premiers de l'Université présents sur le Web. Les informaticiens s'en souviennent encore.

Les qualités de Gabrielle von Roten sont reconnues hors Université. En 1993, elle est nommée membre de la Commission fédérale pour l'information scientifique (CFIS), chargée de proposer une politique nationale en matière d'information scientifique et technique (IST). Le 11 février 1998, elle est nommée par le Conseil d'Etat genevois au Conseil de fondation de l'IES, là où elle avait été formée vingt ans plus tôt. Elle donne désormais son avis sur la formation des futurs bibliothécaires. Pendant 11 ans (1995-2008), Gabrielle von Roten préside encore le Conseil des directeurs des bibliothèques romandes (CDROM) qui gèrent Rero. Elle dirige les séances avec compétence et doigté, sachant prendre en compte les différents points de vue.

En 2003, Gabrielle von Roten va suivre l'école d'été de l'Université de Tilburg aux Pays-Bas qui forme aux ressources électroniques et aux bibliothèques du futur, car celles-ci se transforment à grande vitesse. Le papier fait désormais place au numérique. L’évolution est brutale dans les bibliothèques des sciences exactes et en médecine qui voient la quasi-totalité de leurs revues scientifiques se transformer en périodiques électroniques.

Von Roten Gabrielle 2019 Monique Frossard

Gabrielle von Roten, qui est également présidente de la Commission des bibliothèques universitaires (1998–2003), et ses collègues de la Commission, sont persuadés que cette transformation doit être prise en compte par l'ensemble des bibliothèques universitaires suisses et qu’elle ne peut pas être réalisée sans un soutien extérieur. Gabrielle von Roten et son collègue Wolfram Neubauer, directeur de la bibliothèque de l’EPF de Zurich, savent convaincre la Confédération de soutenir financièrement cette mutation. Grâce à eux deux, les bibliothèques universitaires obtiennent pour la première fois des subventions fédérales qui se montent à plus de 11 millions de francs pour la période allant de 2000 à 2003. Les bibliothèques universitaires obtiennent de l’argent pour leur fonctionnement dans le cadre de la LAU (Loi d'aide aux universités). Les bibliothèques s'organisent en Consortium des bibliothèques universitaires, dont Gabrielle von Roten est présidente du Comité de pilotage entre 2004 et 2008. La création du Consortium, chargé de la coordination des ressources numériques des bibliothèques académiques suisses est certainement la plus belle réalisation à laquelle Gabrielle von Roten ait participé.

Entre 2008 et 2011, elle est nommée, par le Conseil fédéral, membre de la Commission de la Bibliothèque nationale suisse. Il ne pouvait pas y avoir de nomination plus prestigieuse pour une fin de carrière.

L’intérêt de Gabrielle von Roten pour notre domaine professionnel a perduré après son départ à la retraite: elle a rejoint Alain Jacquesson dans l'écriture d'un ouvrage consacré à l'histoire de l'informatisation des bibliothèques genevoises. Le 16 mai dernier, elle envoyait encore commentaires et corrections. L'ouvrage de 400 pages sort le 5 juillet 2019.

Merci Gabrielle.