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2018/2 Automatisierung: Versprechen oder Drohung?

L’Automatisation et l’étude du passé. Une lecture critique et antidogmatique

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La révolution numérique est la conséquence naturelle du présentisme, qui propose une vision du monde techno-centrique comme clé de la connaissance du passé. Le rôle des chercheurs en sciences humaines est plutôt d’y opposer un regard critique que de s’adapter aux nouveaux dogmes du mainstream.

Je ne suis pas un archiviste, ni un expert des politiques patrimoniales. Pourtant, je suis un utilisateur professionnel et plutôt fidèle, depuis une vingtaine d’années, d’archives et de bibliothèques: c’est-à-dire que je suis passé en tant qu’observateur (plutôt qu’acteur) à travers ce, qu’avec un enthousiasme millénariste, on appelle la révolution numérique. Trop âgé pour me définir comme un millennial, ou un native digital, trop jeune pour me faire surprendre ou changer la vie par l’arrivée des nouvelles techniques, qui ont – j’oserais dire – grandi avec moi.

Philologue et linguiste, j’ai eu l’opportunité d’entrer en contact avec au moins deux milieux nationaux (Italie et Suisse) de la recherche dans le domaine des soi-disant humanités numériques, auxquelles je me suis même accroché dans un passage qui est devenu obligé dans le cursus honorum de tous ceux qui croisent la région (parfois le désert, rarement l’Éden) de la recherche en sciences humaines.

Tomasin Lorenzo 2018

Lorenzo Tomasin

Lorenzo Tomasin (Venezia, 1975) insegna Filologia romanza e Storia della lingua italiana all’Università di Losanna. Ha studiato alla Scuola Normale Superiore di Pisa, ha ottenuto una Venia legendi in Filologia romanza all’Università di Saarbrücken (Germania), e ha insegnato all’Università Ca’ Foscari di Venezia e alla Bocconi di Milano, oltreché – come ospite – in varie università italiane e straniere, tra cui Roma-3, Erlangen, Tubinga, Heidelberg, Berlino e Varsavia. Si è occupato di temi posti fra storia linguistica e storia letteraria, pubblicando una dozzina di volumi, tra i quali una Storia linguistica di Venezia (2011), e la serie della Storia dell’italiano scritto (2014-2018, quattro volumi usciti finora). Nel suo ultimo libro, L’impronta digitale. Cultura umanistica e tecnologia (2017) ha proposto una riflessione su un carattere generale della cultura del nostro tempo. Dal 2001 collabora regolarmente con le pagine culturali del Sole-24ore.

Qui se trouve aujourd’hui dans la timonerie du navire numérique? En revenant sur mon expérience professionnelle, je remarque surtout deux profils typiques (pas les seuls, bien entendu, mais sûrement les plus fréquents).

Une idéologie qui a ses articles de foi, comme toutes doctrines totalisantes. Je connais trois de ces dogmes, qui se frayent un chemin de plus en plus large dans la communauté scientifique.

C’est notre nouveau géocentrisme. Notre manière de récupérer un vol subi par la science, le traumatisme effrayant de la perte de centralité dans l’Univers, dont la science moderne a privé l’homme en lui révélant les structures réelles de la nature. Ce que la révolution scientifique a enlevé, exilant l’homme dans la banlieue cosmique, la révolution technologique peut ainsi rendre, en faisant de son présent le nombril de l’histoire.

L’homo technologicus a ainsi l’impression de tout pouvoir rendre fonctionnel à sa nouvelle création numérique, de tout pouvoir disposer autour de son aujourd’hui: l’histoire comme un diaporama qui magnifie la puissance de ses dernières inventions.

C’est juste une phase, on peut penser. C’est juste une ivresse temporaire, celle du numérique, avant une approche plus sobre et équilibrée. Comme pour le plastique (dont, après l’avoir lancé comme un matériel miraculeux et bon à tout faire, on a découvert les dégâts, en apprenant à l’utiliser plus raisonnablement, sans pourtant l’éliminer), le numérique sera peut-être reconduit à sa juste place. C’est aux sciences humaines (qui soignent les maladies de l’esprit comme la médecine soigne celles du corps) de lancer l’alerte. Historiens, conservateurs du patrimoine, hommes de lettres, intellectuels. Comme toujours: voilà leur véritable utilité, bien au-delà du scepticisme et des préjugés de ceux qui nous considèrent comme les exécuteurs marginaux de la révolution, ou les gardiens d’un parc à thème prêt à exploiter.

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La révolution numérique est la conséquence naturelle du présentisme, qui propose une vision du monde techno-centrique comme clé de la connaissance du passé. Le rôle des chercheurs en sciences humaines est plutôt d’y opposer un regard critique que de s’adapter aux nouveaux dogmes du mainstream.

Die digitale Revolution ist die natürliche Folge des Präsentismus, der von der Vision einer techno-zentrischen Welt als Schlüssel zum Verständnis der Vergangenheit ausgeht. Die Rolle der Forscher der Humanwissenschaften dabei, dieser Entwicklung mit einem kritischen Blick zu begegnen, nicht die Anpassung an die neuen Dogmen des Mainstream.