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2011/2 M-Library – zu jeder Zeit an jedem Ort

JAMES Jeunes – Activités – Médias – Enquête Suisse Rapport sur les résultats de l’étude JAMES 2010

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Contrairement à ce qui existe en Allemagne depuis 1998, aucune démarche n’a été entreprise en Suisse pour analyser périodiquement les comportements des jeunes en matière de nouvelles technologies. L’étude représentative menée au niveau national helvétique et publiée en décembre 2010 sous l’acronyme JAMES (Jeunes, Activités, Médias, Enquête Suisse) apporte enfin une analyse sur les comportements des jeunes de 12 à 19 ans en matière de médias. Un intérêt de cette enquête tient au fait qu’elle confronte ces pratiques à l’ensemble des activités menées par les jeunes.

L’environnement technique est absolument omniprésent: ordinateur, téléphone portable (98% des adolescents possèdent leur propre appareil), accès à Internet, appareil photo numérique, téléviseur, lecteur Mp3 ou Ipod et radio sont disponibles dans plus de 9 foyers sur 10. Signe d’un changement, la présence de la télévision – «l’ancêtre d’Internet» dit une célèbre marionnette en France – semble reculer au même titre que son usage par les jeunes. Portable et internet constituent aujourd’hui les activités de loisirs majeures juste devant le besoin de rencontrer des amis. L’enquête témoigne du caractère hybride des comportements, fortement liés à l’usage des médias (84% des adolescents sont inscrits sur un réseau social au moins), mais inscrivant ces usages dans des sociabilités sinon traditionnelles, du moins ancrées dans l’espace physique (sortir, bavarder, faire du sport). Premier constat, le concept d’ami reste fortement lié à l’espace de proximité et de sociabilité partagée: l’école fondamentalement et le voisinage. Ce cercle est également quantitativement restreint, puisque 7 personnes constituent le réseau d’amitié.

Les activités non médias restent très présentes, puisque la rencontre des amis et la pratique d’une activité sportive touchent 7 à 8 jeunes sur dix «plusieurs fois par semaine». Aller en bibliothèque reste un geste nettement moins fréquent mais pratiqué par 7 jeunes sur dix à un rythme au moins mensuel. Une pratique qui est, comme la pratique d’un instrument de musique, voire le sport, positivement corrélée au statut social des familles dont sont issus ces jeunes.

Lire le journal est un geste très courant pour la moitié des jeunes interrogés et correspond à une activité facilement recherchée en situation solitaire (avant même le temps des devoirs ...). Toutefois, lire quasi quotidiennement des livres ou des revues est l’affaire du quart des jeunes seulement. Quant à la consommation en ligne de journaux, revues ou livres audio, elle est intensive pour environ 15% des jeunes; elle s’accroît significativement avec l’âge (entre 12 et 19 ans) pour la lecture du journal imprimé comme pour les journaux et revues en ligne. En revanche, la lecture de livres imprimés ou de livres audio se tasse au passage de l’adolescence. L’enquête révèle aussi des différences significatives entre régions linguistiques, notamment face aux médias audiovisuels «classiques» comme la télévision ou la radio; les différences sont beaucoup moins fortes en matière de lecture.

La diffusion des technologies n’a pas transformé la jeunesse en un groupe de geek solitaires et asociaux même si des stéréotypes se confirment, notamment en matière de genre, les adolescents présentant une pratique informatique plus poussée que celle des filles, tout au moins dans la gestion technique courante des systèmes ou les jeux. L’enquête met enfin en évidence les usages problématiques des médias: cyberintimidation et flaming (messages électroniques agressifs et vulgaires) ont été vécus par près de 1 jeune sur 5. Réception de films violents ou pornographiques sur le portable concerne 22% des garçons mais seulement 3% des filles. Filmer de réelles bagarres, envoyer des films brutaux ou pornographiques concernent 1 garçon sur 10. Des comportements corrélés au type de scolarité suivie: les élèves des filières courtes étant plus en contact avec toutes les formes d’usages dits problématiques. A ce propos, on ne comprend pas – seule grosse faiblesse de l’enquête – pourquoi le questionnaire n’a pas intégré des questions sur les comportements problématiques non médias comme la violence à l’école ou dans la famille, les comportements sexuels ou les formes de harcèlements. Un croisement des informations médias-non médias aurait été fort instructif.

Les enquêteurs concluent sur une utilisation «en aucun cas uniforme» des médias tant par sexe que selon le bassin culturel (région linguistique ou origine des adolescents). Quantitative, l’enquête JAMES pourrait servir d’utile baromètre conjoncturel tout en intégrant des questions nouvelles en lien avec les transformations constatées des pratiques médias. Pour l’instant, rien ne permet de savoir si elle pourra être renouvelée.

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Frédéric Sardet

Archiviste de la Ville de Lausanne, directeur de la Bibliothèque de Genève.