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2007/2 New Library World – Was gibt es Neues in den schweizerischen Bibliotheken?

J’arrive avec ma valise ... et j’apporte le plaisir de dire, de lire et d’écrire: une animation de la Bibliothèque publique d’Yverdon-les-Bains

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Une classe de 5e année du cycle secondaire d’un des collèges de la ville d’Yverdon-les-Bains s’est installée au rayon jeunesse de la Bibliothèque publique (BPY). Elle attend bruyamment ce qui va suivre. Tout à coup, le silence se fait. Un drôle de personnage a surgi d’entre les rayons. Il porte une belle perruque ondulée, son visage est poudré et sa redingote a des boutons dorés. Et il a une valise à la main. Sa démarche est distinguée et, en s’inclinant solennellement, il s’adresse aux jeunes: «Bonjour Mesdemoiselles, bonjour Messieurs, quel plaisir de vous accueillir dans mes appartements.»

Les jeunes sont interloqués. C’est qui ce personnage bizarre? C’est Elie Bertrand (1713–1797), fondateur de la BPY, généreux donateur et notable yverdonnois qui se présente aussitôt: «Je suis né l’année 1713, au mois de may, le 13e et suis décédé le vingtième jour du mois d’août 1797.» En fait, Elie Bertrand est revenu à sa bibliothèque pour faire la connaissance des jeunes d’aujourd’hui.

Les élèves sont complètement pris, occupés à bien comprendre ce monsieur qui s’adresse à eux dans un langage désuet.

Après ce premier contact et l’évocation de sa vie, Elie Bertrand – représenté par l’acteur Claude Mordasini – invite les élèves à monter en salle de lecture. Et c’est parti pour deux périodes: Elie Bertrand commence par présenter la bibliothèque et son offre, en sortant différents livres de sa valise.

Ensuite, la rencontre devient interactive: les élèves lisent et interprètent des fables de La Fontaine et travaillent avec des exercices de style de Queneau.

Ils découvrent toute la saveur d’un même texte: en variant les voix («lire comme un chat»), l’accent (p. ex. italien ou en zozottant) ou en y mettant un sentiment. Mais le texte sera également approché de manière plus technique. A coups de dictionnaire, les ados se mettent à chercher des synonymes et des figures de style. Le fou rire est au rendez-vous. Grands esclaffements quand ce monsieur d’autrefois ne sait pas prononcer et méconnaît le mot «roller»...

Plus tard ce sera aux élèves d’écrire eux-mêmes des textes dont ils peuvent choisir le sujet. Pour les élèves de 6e année, c’est une lettre d’amour qui est au programme. «Comment déclarez-vous à une fille que vous l’aimez?» questionne Elie Bertrand. Entre rires gênés, certains proposent d’écrire un SMS. Mais petit à petit, les élèves écrivent de belles déclarations, en tournant élégamment leurs mots.

L’animateur Claude Mordasini s’amuse de leur réaction: «Ils sont intéressés, mais très timides! Est-ce que nous étions aussi coincés à leur âge?» Pour lui, le plus important est d’avoir le courage de s’exprimer publiquement; il constate que les élèves ont peu l’habitude de parler devant leurs collègues. En prenant congé de la classe, Elie Bertrand épate une fois de plus: baisemain solennel pour les jeunes filles, inclination respectueuse pour les jeunes gens. Les élèves restent rêveurs: et si c’était vraiment Elie Bertrand...

Pourquoi travailler avec un acteur?

L’effet «Elie Bertrand» a une influence bénéfique sur le déroulement de cette animation. En créant la surprise et l’étonnement à son arrivée, Claude Mordasini réussit à créer un climat d’exception pendant deux périodes. L’acteur approche les ados de manière surprenante, mais extrêmement respectueuse. Chaque élève est pris en charge et motivé, chacun peut apporter une note originale en retour. Georges Berney, directeur d’un des établissements secondaires confirme: «L’approche ludique peut décomplexer des élèves mauvais lecteurs et leur permettre de redécouvrir la lecture sous une autre forme. Il est important de développer l’imagination, de tenter de visualiser les choses.»

Claude Mordasini, acteur et metteur en scène, est enseignant à la base. C’est au contact de Pierre et Mousse Boulanger qu’il a pris goût à ce type d’animation.

Questionné sur le rôle d’Elie Bertrand, Mordasini dit son ravissement à travailler avec les élèves: «C’est comme un voyage dans le temps. Elie Bertrand apporte le plaisir de dire, de lire et d’écrire».

A la recherche du plaisir de lire

«Découvrir le plaisir de lire» était effectivement l’objectif qui nous avait instigué, il y a quatre ans, à développer une animation permettant de compléter la classique «visite commentée» de la bibliothèque: il fallait trouver une animation où le plaisir et l’amusement avaient un rôle central pour motiver les enfants à lire et à retrouver la bibliothèque.

Les résultats des tests PISA avaient évidemment suscité la réflexion à l’intérieur de notre bibliothèque. Que pouvait ou que devait apporter la bibliothèque pour faire découvrir et aimer la lecture aux adolescents? Il était évident que nos animations devraient être renforcées. Daniel von Siebenthal, municipal des écoles de la ville d’Yverdon abonde dans le même sens. Questionné sur sa réaction à l’étude PISA, il dit son étonnement et son inquiétude. «Etonné, car je pensais comme beaucoup de concitoyens que notre système éducatif était parmi les meilleurs du monde. Inquiet, car je me suis demandé comment on pouvait investir tant dans ce système et ne pas trop se poser la question de son efficience.»

Un deuxième objectif de notre future animation était d’intensifier les relations avec les écoles. La BPY fonctionne de fait comme bibliothèque scolaire, mais les deux collèges ne se trouvent pas à proximité de la BPY. Son emplacement et son offre ne sont pas forcément connus par les élèves. Certes, il y a les enfants qui trouvent le chemin de la bibliothèque par le biais de la famille. Mais l’idée était de toucher systématiquement chaque élève à leur entrée au cycle secondaire. Pour des raisons «historiques», la section jeunesse de la BPY se limite au niveau secondaire et adolescent. Une autre bibliothèque se trouvant dans le même bâtiment s’occupe de la première lecture et du cycle primaire.

Si l’accueil des enfants du cycle primaire ne pose pas de problèmes, la situation est bien plus complexe au niveau secondaire: plusieurs enseignants se partagent les classes et l’organisation d’une animation se complique. Les élèves du secondaire sont très sollicités par de nombreuses activités et ils sont un public exigeant. Par conséquent, la bibliothèque doit se faire remarquer.

La bibliothèque était bien secondée par la direction des écoles. Le municipal Daniel von Siebenthal: «L’idéal d’une collaboration serait évidemment qu’il y ait une plus grande synergie, que le livre lu en classe ne soit que le premier d’une longue chaîne à découvrir à la bibliothèque» et Georges Berney de renchérir: «Un vaste chantier doit être ouvert afin de proposer des actions complémentaires.»

Finalement, un troisième objectif consistait à sensibiliser les enfants au patrimoine local, notamment au livre ancien et à l’histoire de sa bibliothèque.

«J’arrive avec ma valise»

Un petit groupe de réflexion interne à la bibliothèque s’était mis au travail et avait préparé un concept, tout en impliquant les directions des écoles et les enseignants qui étaient ouverts à la démarche.

Dans une première édition de l’animation «J’arrive avec ma valise», l’approche était double: l’animateur de la bibliothèque se déplacerait directement dans les bâtiments scolaires et les salles de classe – d’où l’idée de la valise – et y «apporterait» la bibliothèque pour la présenter, tout en intégrant les animations décrites ci-dessus. Il était prévu que les élèves viendraient visiter la bibliothèque dans le cadre d’une deuxième animation. Le personnage qui «incarnerait» la bibliothèque était vite trouvé. Le fondateur historique, Elie Bertrand, nous laissait suffisamment de liberté pour lui attribuer les traits et qualités souhaités. Il était en fait une figure artificielle, quasiment «tombée du ciel» qui assurerait un effet de dépaysement rapide, tout en assurant un lien avec l’histoire.

En même temps, le moment passé en sa compagnie devait être amusant et informatif, sans être vraiment scolaire.

On souhaitait que les élèves associent la bibliothèque à un moment agréable.

Le personnage d’Elie permettait de poser la langue comme un outil ludique au centre de l’animation et de signaler que la bibliothèque était un lieu privilégié pour accéder aux différents niveaux et registres de la langue. Un choix de textes ainsi que le cadre de l’animation avaient été fixés. Ensuite, grâce à sa souplesse et son expérience, Claude Mordasini a rapidement su insuffler la vie à Elie Bertrand, en y apportant beaucoup de son savoir-faire.

Pendant une année, l’animation a été réalisée directement dans les classes. Après un premier bilan, tous les participants étaient ravis; le seul bémol était que la deuxième visite, prévue à la bibliothèque pour compléter l’animation, n’avait souvent pas lieu, faute de temps, etc.

C’est pourquoi à partir de la deuxième édition, l’animation se réalise directement à la bibliothèque. Ainsi, les élèves (et les enseignants) la connaissent directement et font l’effort du déplacement.

L’animation «J’arrive avec ma valise» entrera dans sa quatrième année. Elle est très appréciée par les participants. Ecoutons un enseignant: «Elie a su parfaitement bien sensibiliser les élèves à la magnifique langue française et du coup stimuler leur envie de lecture.»

Soucieuse d’innover et d’étoffer l’offre, la BPY prépare actuellement une deuxième animation en collaboration avec Claude Mordasini, axée cette fois-ci sur la recherche (toujours ludique) à l’intérieur de la bibliothèque.

Parallèlement la BPY a renforcé les animations qui s’adressent aux enfants à titre individuel et hors cadre scolaire. Ainsi, l’animation estivale lancée en 2006, Choque tes profs! Lis un livre! a rencontré un vif succès. Une offre plus récente encore est le «Spécial Ados: visite de la bibliothèque de fond en comble» où les jeunes sont invités à découvrir les coulisses de la BPY.

En résumant, l’animation décrite n’est que le début d’une démarche constamment repensée et adaptable aux nouveaux besoins. On sème, mais on ne connaîtra pas toujours les fruits.

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Cécile Vilas

Responsable de la Bibliothèque publique Yverdon-les-Bains

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Nach den ernüchternden PISA-Studien zur Lesekompetenz überdachte die Bibliothèque Publique Yverdon-les-Bains ihre an die Schüler gerichteten Veranstaltungen. Ein neues Programm sollte die Schüler der Sekundarstufe (im Kanton Waadt ab dem 5./6. Schuljahr) systematisch erfassen und sie spielerisch an die Bibliothek binden. Der Bibliotheksgründer Elie Bertrand (1713–1797), dargestellt vom Schauspieler (und Lehrer) Claude Mordasini, verbringt zusammen mit den Schülern rund zwei Stunden, in denen es um die Bibliothek, aber auch um Sprachspiele geht. Die Kunstfigur Bertrand überrascht die Schüler, weil sie ein für sie ungewohntes, gepflegtes Französisch spricht. So ist das richtige Ambiente geschaffen, um ungezwungen mit der Sprache und den Texten zu spielen. «J’arrive avec ma valise» bedeutet, dass Elie Bertrand den Schülern die Bibliothek im Koffer in die Schulhäuser mitbringt. Im angepassten Konzept führen wir die Veranstaltung nun direkt in der Bibliothek durch, sodass die Schüler das Gebäude kennenlernen und den Weg dorthin finden. Weitere Veranstaltungen richten sich auch im ausserschulischen Kontext an die Jungen, wie die Führung «La bibliothèque de fond en comble» (Bibliothek von Kopf bis Fuss), in der ein Blick hinter die Kulissen der Arbeit gewährt wird.