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2006/1 Memopolitik – vom Umgang mit dem Gedächtnis der Gesellschaften

Comment redonner vie à la mémoire: «Tout être qui a vécu l’aventure humaine est moi» (M. Yourcenar, les Mémoires d’Hadrien)

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J’ai choisi cette citation de Marguerite Yourcenar parce qu’elle exprime parfaitement la ligne que je me suis fixée dans mon travail, où, pour redonner vie à la mémoire, je place toujours l’être humain au centre de la présentation.

Ce n’est certes pas de cette façon que nos livres d’école nous ont enseigné l’Histoire; celle-ci se résumait alors à des listes interminables de dates, de noms d’hommes célèbres, de lieux... Combien d’écoliers ont résisté en dépit de toute cette abstraction? pas beaucoup...et je n’en faisais pas partie.

Les choses ont vraiment changé le jour où, élaborant le concept muséographique du Museo Nazionale del San Gottardo, j’ai lu le livre d’Arthur Wyss-Niederer «Le Saint-Gothard, via helvetica». J’y ai découvert que l’histoire suisse n’avait rien à envier aux aventures d’Astérix, et j’ai réalisé que tous les sujets pouvaient devenir passionnants et vivants, à deux conditions: que le visiteur puisse s’identifier à des personnages anonymes ou célèbres, et que le scénario et la présentation abordent le thème par l’angle le plus attractif.

Chaque époque développe une sensibilité qui lui est propre, les médias évoluent, le monde change, et une muséographie doit être tout à la fois classique, contemporaine et surprenante, sans pour autant succomber à une quelconque mode (la question est différente pour les expositions temporaires qui ne sont évidemment pas soumises à ce genre de contrainte). Il n’existe pas de théorie qui permette à coup sûr de répondre à l’attente non formulée du public, le muséographe doit faire travailler son instinct, son imagination, son sens et son goût de la communication.

Chaque cas est différent et recquiert une approche particulière, un traitement spécifique. A chaque fois, il faut inventer du nouveau; il faut, avec le thème, les objets de collection, les lieux, le matériel, le budget, etc., élaborer un ensemble abouti. Il faut «pétrir la pâte» jusqu’à ce qu’elle atteigne homogénéité et cohérence; ce n’est qu’au terme d’une longue gestation qu’arrive le moment où le projet atteint la limpidité voulue.

L’art de la conception implique des choix délicats, il faut déterminer quelles sont les informations qui vont être utilisées et celles qu’on doit abandonner (sans se tromper...), ceci pour faciliter le travail de compréhension du visiteur; «qui trop embrasse mal étreint», il est préférable de se concentrer sur un sujet très bien cadré plutôt que de vouloir présenter un labyrinthe rébarbatif et incompréhensible. Néanmoins, l’information doit être riche et sa présentation d’une grande fluidité, conditions sine qua non de la réussite de l’opération.

La recherche d’informations passe par différents stades. Je commence mes investigations sur Internet (depuis deux ou trois ans) et je fais une première recherche en bibliothèque, privilégiant les ouvrages d’intérêt général qui me permettent de me familiariser avec le thème concerné. Dans un deuxième temps, je me fournis en ouvrages spécifiques qui vont me permettre d’assurer la rigueur scientifique. Je procède ainsi jusqu’à ce que je me sente tout à fait à l’aise avec le sujet que je dois traiter, tout en restant strictement au niveau de l’amateur très bien informé. A partir de là je peux élaborer mon ou mes scénarios qui vont parfois m’amener à traquer des éclaircissements indispensables sur différents points de détail auprès de petits musées, d’historiens ou de passionnés d’histoire régionale, car on ne trouve pas tout dans les livres...et les sources sont parfois inattendues.

Arrivée à ce point, il me semble que les exemples concrets sont souvent préférables aux longs discours, je propose donc au lecteur de prendre connaissance de quatre réalisations récentes.

1. Le Grand Panorama Bourbaki (2000): didactique sans en avoir l’air

C’est en 1985 que j’ai découvert le Grand Panorama Bourbaki, tout à fait par hasard. J’ai immédiatement été fascinée par la puissance spectaculaire de ce média qui transporte le visiteur dans le temps et dans l’espace, comme par un coup de baguette magique. A l’époque je n’ai pas même osé rêver qu’un jour j’aurais la chance de m’occuper de sa nouvelle scénographie...

L’œuvre de Castres demandait une intervention autre qu’une information didactique classique (textes imprimés ou commentaire strictement historique) qui n’aurait fait que détruire sa très forte charge émotionnelle. Instinctivement, j’ai imaginé une scénographie qui, bien que réalisée avec des technologies contemporaines, respecte l’esprit des panoramistes du XIXe siècle tout en apportant une très grande quantité d’informations par le biais de l’émotion.

A son arrivée sur la plate-forme, le visiteur se trouve plongé dans l’ambiance de cet épisode dramatique: les canons grondent du côté du fort de Joux, les blessés gémissent, une vivandière pleure, les chevaux hennissent, les roues des véhicules grincent, des appels de clairons se font entendre. Dans cette sonorisation polyphonique et panoramique chaque élément de la scène est «bruité» individuellement.

En s’approchant de la barrière, le visiteur découvre le faux-terrain, avant-plan tridimensionnel prolongeant le paysage enneigé et dont le rôle est de renforcer l’illusion du trompe-l’œil. Vingt-et-un personnages hyperréalistes (soldats, réfugiés civils, paysans, etc.) y composent différentes scènes qui viennent compléter et souligner celles de la toile et, de cas en cas, permettent de mieux comprendre ces dernières en attirant l’attention sur certains détails et en apportant des informations complémentaires.

A intervalles réguliers, dans un «Hörspiel» diffusé sur la plate-forme, le pasteur Jean Clerc évoque ses souvenirs d’enfance avec sa fille à laquelle il raconte le passage des «Bourbakis» dans son village alors qu’il était petit garçon...

L’ensemble de cette scénographie peut être défini comme étant «muséologique», dans la mesure où chaque élément, sonore ou visuel, est rigoureusement exact sur le plan historique (jusqu’aux numéros figurant sur les boutons des uniformes).

2. Musée du Vieux-Moudon (2001): la parole est donnée aux lieux et aux objet

«Les riches heures d’une ancienne capitale», tel est le titre du prospectus présentant le musée du Vieux-Moudon. Voici quelques extraits d’un article de Sylvie Bonvin, paru le 6.4.2001 dans «La Liberté» à l’occasion de l’inauguration du musée:

«Vous cherchez les fameuses ‹Pilules toniques ferrugineuses› du pharmacien local Louis Peter? Vous les trouverez entre les cocons de vers à soie et l’arbre généalogique de la famille Dubrit. Vous êtes un fan de Jules-Sigismond Dutoit-Wyttenbach, municipal (1809–79)? Son portrait trône parmi d’autres illustres Moudonnois dans l’étude de notaire reconstituée (...) Quelque 2 500 objets restaurés et nettoyés sont mis en scène pour susciter chez le visiteur nostalgie, curiosité, sourire ou admiration. De la futile aiguille de brodeuse aux riches tentures peintes, l’histoire régionale s’exprime avec sensibilité et vivacité (...) c’est ainsi qu’il vous sera donné d’apprendre des choses étonnantes, comme la fabrication de l’huile de chien, en sacrifiant deux chiots récemment nés. A découvrir dans un traité scientifique du château du Rochefort, mais à ne pas essayer chez soi!»

Tout ceci peut avoir l’air de manquer de sérieux...il n’en est rien! La muséographie a fait sienne la célèbre devise de Montesquieu: «la gravité est le bonheur des imbéciles».

Un musée régional peut (et doit) prendre des libertés que ne peut se permettre un musée d’importance nationale; son rôle est différent, il est la mémoire d’une région et il se doit d’en affirmer avec force l’identité et les particularités.... l’humour ayant toujours fait partie de la culture moudonnoise, il trouve donc aussi sa place au musée, au même titre que les toiles peintes en verdure et les haches préhistoriques...

Pourquoi faudrait-il négliger les savonnettes à la violette? Pourquoi ne pas faire remarquer que le poêle de la très solennelle étude de notaire est muni, sur le dessus, d’une catelle comportant un jeu de charet? Pourquoi ne pas décider, en fin de compte, que les arbres généalogiques des familles moudonnoises ont leur place en-dessous d’une fresque du XVIe siècle représentant Eve, le serpent, la pomme et l’arbre de la connaissance? Cet arbre n’est-il pas, si on considère la chose d’un point de vue judéo-chrétien, à l’origine de notre arbre généalogique commun? Pourquoi des objets qui, dans un musée d’importance, sont ignorés parce que n’illustrant pas l’Histoire avec grand H, ne seraient-ils pas réhabilités dans un musée régional? Après tout, tous ces souvenirs du patrimoine moudonnois sont chargés d’une émotion authentique, ils sont les témoins d’une mémoire qu’ils racontent, à leur façon, parce qu’on leur a donné la parole en les mettant en scène et que les clins d’œil ont droit de cité; ainsi, la catelle de poêle représentant le «Colonel tue-tout» joue les trouble-fêtes dans la collection d’uniformes et souvenirs militaires. L’importance d’un objet dans une exposition n’a pas forcément quelque chose à voir avec sa valeur intrinsèque et dépend uniquement du rôle qui lui est attribué...

La variété architecturale des différents volumes de l’édifice ainsi que la diversité des objets de la collection ont permis de réaliser une muséographie dynamique et harmonieuse qui repose sur deux types de présentation complémentaires: les expositions thématiques et les reconstitutions. Ces dernières ont pris naturellement place dans les pièces qui avaient gardé un caractère très marqué; comme dans des natures mortes, l’accent a été mis sur le rapport entre formes, dimensions, matières, couleurs et emplacements. Les éclairages ont été particulièrement soignés de façon que la lumière naturelle ait également un rôle à jouer, l’atmosphère se modifiant en fonction de l’heure et de la luminosité extérieure.

Description de deux des reconstitutions:

L’étude de notaire

L’étude du notaire a pris place dans une pièce aux boiseries sculptées peintes en gris. L’ambiance particulière de la scène provient du vivant désordre constitué par l’amalgame des documents officiels et des objets personnels reflétant les goûts propre au maître des lieux. Ainsi, la masse des ouvrages et documents nécessaires à l’exercice de la fonction ne se cantonnent pas dans une armoire dissimulée dans la boiserie, mais envahit aussi l’imposante table du Conseil de la Ville, le bahut, et se répand jusque dans le coffre du trésor communal.

Le digne portrait du banneret Trolliet, situé entre deux fenêtres, trouve un répondant impertinent dans le buste d’un illustre inconnu utilisé comme porte-chapeau. Une belle aquarelle, probablement due au talent de Louis- Abraham Ducros, surplombe une petite table servant de desserte pour la cafetière et les bouteilles; d’autres gravures et peintures d’intérêt variable habillent les murs, évoquant certains aspects de la personnalité du notaire.

Dans une bibliothèque vitrée, un article de loi relatif à la chasse au loup et à l’ours ainsi qu’une réflexion sur le bienfondé de la torture donnent un aperçu de la vie dans le Jorat au XVIIIe siècle.

La cuisine

La situation centrale, presque stratégique, de la cuisine dans le bâtiment donne une idée de l’importance accordée aux repas et à la préparation des mets.

La hotte de cheminée, qui à l’origine permettait de rôtir d’importantes quantités de viandes, accueille le potager et le plan de travail sur lequel une tarte aux pommes est en cours de préparation. Cannes à pêche, harpons, fusil de braconnier, piège, gibecières et panier à poisson rappellent que la pêche et la chasse étaient des sources non négligeables de nourriture.

A proximité de la grande table à manger, de modestes souvenirs décorent les murs: calendrier du Centenaire Vaudois, affiche de la Brasserie de l’Espérance, quelques photographies, chromos et gravures.

Sur la table, les objets témoignent des activités dont la cuisine est le théâtre: des noix sont en cours de «cassée» et la cuisinière est en train de boire le café tout en consultant un livre de recettes.

Il faut rendre un hommage tout particulier aux membres du comité de l’Association du Vieux-Moudon qui, bénévolement, ont consacré leurs loisirs à la restauration et au nettoyage des objets de la collection, à l’exception des tableaux qui ont été confiés à des restaurateurs professionnels. Le travail du comité à été reconnu et honoré, son président a reçu en 2003 le Prix du Patrimoine Vaudois.

3. «Y’EN A POINT COMME NOUS» (2003): apprendre en s’amusant

En 2003, le canton de Vaud célébrait le bicentenaire de son entrée dans la Confédération helvétique. Dans le but de composer un «menu» commémoratif riche et cohérent, équilibré sur le plan géographique et touchant une grande variété de publics, le Grand Conseil vaudois lança un appel aux projets indépendants en février 2002. Sur les 120 dossiers déposés, vingt projets furent choisis, parmi lesquels celui de l’exposition «Y’EN A POINT COMME NOUS». Ces projets vinrent s’ajouter aux événements produits par la Fondation du Bicentenaire.

Durant toute l’année 2003, de nombreuses expositions et ouvrages très didactiques ont ainsi décortiqué, avec le plus grand sérieux, le canton de Vaud, son histoire, sa situation actuelle, ses grands hommes, etc. L’exposition «Y’EN A POINT COMME NOUS», par le biais d’approches surprenantes et inattendues, se proposait quant à elle de se pencher avec humour et bonne humeur sur ce qu’on pourrait appeler le «sentiment identitaire» des Vaudois.

«Y’en a point comme nous!»... mais que cache cette affirmation péremptoire typiquement vaudoise? La «pâte un peu molle» décrite par Gilles était-elle différente dans le passé? Comment s’est composé ce «mélange d’Epicurien, de Mérovingien, de bien-pensant et de Latin»? A quoi ressemble le Vaudois d’aujourd’hui? Est-il encore capable de rire de lui-même?

Des questions auxquelles l’exposition «Y’EN A POINT COMME NOUS» se proposait de répondre en offrant au visiteur de tout âge l’occasion de se forger sa propre opinion, en lui faisant découvrir un très vaste échantillonnage de Vaudois d’hier et d’aujourd’hui dans toute leur diversité et leur richesse, en l’amusant et en l’intriguant.

L’exposition «Y’EN A POINT COMME NOUS» se tenait dans la «salle du Bicentenaire» du Comptoir Suisse. Le cadre n’étant pas particulièrement propice à une présentation didactique, celle-ci était attractive et distrayante, propre à informer le visiteur et à éveiller son intérêt «à insu de son plein gré»; elle était divisée en quatre thèmes:

Thème no 1, «Nos ancêtres les Vaudois»

«Nos pères, recherchant leurs origines dans le saladier vaudois, où se mélan- geaient Burgondes, Latins, Celtes et Savoyards...». Cette phrase de Gilles résume bien la question: qui sommes- nous, d’où venons-nous, quelle est la «composition» du Vaudois moyen?

Trois gouttes de chasseur-cueilleur de la Préhistoire, une pincée de Celte, trois décis de Burgonde, quelques grammes de Romain, le tout saupoudré de Bernois... Le cocktail avec ses proportions varie d’un individu à l’autre.

En lorgnant dans des stéréoscopes, les visiteurs pouvaient découvrir leurs ancêtres, en trois dimensions, dans dix-huit scènes humoristiques présentant la vie quotidienne du Vaudois moyen, depuis la Préhistoire jusqu’au «traumatisme bernois».

Thème no 2, «Les inconnus célèbres»

Dans les villes et les villages du canton, des rues et des places portent le nom d’hommes et de femmes qui furent célèbres et dont la plupart du temps les Vaudois d’aujourd’hui ignorent tout ou presque. La plus grande partie de ces «parrains» ont pris une part non négligeable, au cours des XVIIIe et XIXe siècles, à l’édification et au rayonnement du Canton de Vaud, ici ou ailleurs.

Une «galerie de portraits» présentait vingt de ces Vaudois tombés dans l’oubli. Chacun de ces portraits, inséré dans un cadre tarabiscoté, était accompagné de sa plaque émaillée et d’une courte notice biographique mettant en lumière le rôle joué par la personnalité concernée (à noter qu’il a fallu distribuer de nombreuses photocopies de ces notices, les visiteurs les réclamant...). En voici quatre exemples:

Avenue Tissot (1728–1797): Le «Médecin des pauvres»

Purges et saignées, fiente d’oisillon, poudre d’araignée, bouillon de vipère, tels étaient les traitements et médicaments utilisés au XVIIIe siècle. Beaucoup de gens mouraient alors de maladies bénignes, simplement parce qu’ils étaient mal soignés par des guérisseurs incompétents.

Esprit éclairé, le Docteur Tissot préconise la prévention des maladies par un régime alimentaire sain, le mouvement, le grand air, une vie régulière et laborieuse; il est aussi un ardent défenseur de l’inoculation préventive de la variole.

Nommé «Médecin des pauvres» à Lausanne, il rédige de nombreux livres dans lesquels il lutte contre la superstition et les charlatans, donnant des conseils d’hygiène de vie adaptés aux différentes classes sociales; ses ouvrages connaissent un succès international et sont traduits en plusieurs langues, établissant ainsi la réputation médicale de la ville et y attirant quantité de riches patients étrangers.

Chemin Venel (1740–1791): Le père de l’orthopédie

Jean-André Venel n’est pas médecin, il n’a étudié ni le latin ni les sciences mais a suivi un apprentissage de chirurgien-accoucheur; c’est un esprit vif et intuitif, passionné par la mécanique, l’électricité et les montgolfières.

Epouvanté par les suites souvent catastrophiques des accouchements faute de sages-femmes instruites, il part en France pour se perfectionner en obstétrique puis crée, à Yverdon, la première école d’accoucheuses de Suisse, alors que seules Vienne et Berlin en possèdent une à l’époque.

Guidé par sa seule ingéniosité, il guérit, en quelques mois, les pieds-bots d’un enfant grâce à un «sabot» de son invention.

Après avoir complété ses connaissances anatomiques à l’Université de Montpellier, il ouvre, à l’Abbaye d’Orbe, la première clinique orthopédique connue au monde; il y redresse avec succès pieds-bots, jambes torses et scolioses.

Ruelle du pasteur Martin: La «Révolte des pommes de terre»

Quelques années avant la Révolution vaudoise, le pasteur Martin, alors en poste à Mézières où il donnait le culte en patois, avait dit en chaire qu’il n’y avait aucune raison de payer la dîme (impôt) sur les pommes de terres celle-ci n’étant due que sur les céréales.

Dénoncé par des notables de la région, arrêté par la police bernoise et mis en prison, le pasteur Martin est innocenté et remis en liberté après une enquête sévère; son retour à Mézières est triomphal, car l’«Affaire du pasteur Martin» a fortement agité les esprits.

René Morax tira une pièce de cet épisode historique, pièce qui fut jouée à Mézières à l’Occasion du Centenaire vaudois de 1903. Le succès de cette pièce est à l’origine de la construction du Théâtre du Jorat.

Les armoiries de Mézières représentent un plan de pommes de terre en souvenir de la «Révolte des pommes de terre».

Chemin du docteur Yersin (1863–1943): L’homme qui a permis l’élimination de la peste

Formé à l’Institut Pasteur, médecin de la Compagnie des messageries maritimes françaises, Alexandre Yersin part pour l’Asie du Sud-est à la fin de ses études. A dos d’éléphant, bravant les tigres, il est le premier Européen à explorer les monts d’Annam dont il dresse les cartes.

A Hongkong, lors d’une épidémie de peste, il découvre, avec des moyens dérisoires, le bacille responsable du fléau et identifie le rat comme étant le vecteur de l’épidémie.

Au Vietnam, où il s’installe définitivement, il introduit l’arbre à caoutchouc, l’arbre à quinine, élève des chevaux pour la fabrication du vaccin anti-pesteux, implante des races de vaches laitières, de poules, crée quatre instituts Pasteur et fonde l’école de médecine de Hanoi.

Fuyant les honneurs, il vit dans un village au milieu de ses amis pêcheurs, avec simplicité et humilité. Au Vietnam, il est encore honoré aujourd’hui dans le culte des ancêtres...

Thème no 3, «Les Vaudois d’aujourd’hui»

Quelle est la composition de la population vaudoise actuelle? Qui sont les Vaudois d’aujourd’hui, ceux dont la descendance formera la population vaudoise de demain, différente de la nôtre?

Il y a le Vaudois des villes et le Vaudois des champs, celui du Gros-de-Vaud, du Nord vaudois, du Jura, de la Côte, de la Riviera, de l’Est vaudois. Il y a le Vaudois de souche, le Vaudois originaire d’autres cantons, le Vaudois naturalisé. Il y a des Vaudois de toutes les couleurs, de toutes les professions, de toutes les cultures et confessions.

250 visages de Vaudois constituaient cette mosaïque composée en fonction des statistiques les plus récentes.

Thème no 4, «Y’EN A POINT COMME NOUS»

Rien de vaut l’œil d’un connaisseur... Dessinateur de presse valaisan vivant et travaillant à Lausanne, MIX & REMIX asticotait les petits travers de ces Vaudois qu’il connaît bien en trente dessins.

4. «Pestalozzi, le changement» (2004): un grand livre d’images pour raconter un grand pédagogue

Le Centre de documentation et de recherche Pestalozzi souhaitait organiser une exposition commémorative pour le 200e anniversaire de l’arrivée de Johann Heinrich Pestalozzi à Yverdon et présenter les quatre instituts qu’il y a créés (l’Institut des garçons, l’Institut des filles, l’Institut des sourds et l’Institut des pauvres).

Pestalozzi est un personnage passionnant, malheureusement très mal connu du grand public. L’exposition «Pestalozzi, le changement» a procédé à un véritable dépoussiérage de l’image rébarbative que l’on associe volontiers à ce pédagogue visionnaire; elle a été conçue comme un très grand livre d’images à l’attention d’un visiteur qui n’est pas nécessairement intéressé par les questions pédagogiques.

Le choix s’est porté sur une présentation spécifiquement thématique, les objets de la collection, des livres pour la plupart, jouant ici le rôle de témoins.

Le scénario a élargi le propos à l’ensemble de la vie de Pestalozzi, afin de bien faire saisir la dynamique de ce personnage exceptionnel: idéaliste, utopiste, altruiste, humaniste et révolutionnaire. Un parcours passionnant et exemplaire de par l’enthousiasme et la combativité dont Pestalozzi a fait preuve dans toutes les situations, même les plus désespérées.

L’ensemble des thèmes était présenté sur des plaques graphiques de grandes dimensions, fixées sur les panneaux d’exposition. Différents effets d’ombres portées ont été utilisés pour apporter du relief et un aspect tri-dimensionnel à la composition graphique.

Le propos a été illustré grâce à une très riche iconographie (provenant principalement du Centre Pestalozzi, de la Zentralbibliothek et de la Bibliothèque d’Yverdon) qui l’a animé, le rendant attractif et visuel, les illustrations agis- sant comme autant d’éléments signalétiques éveillant la curiosité du visiteur... Il devenait dès lors indispensable à ce dernier de prendre connaissance des textes pour en savoir plus.

Une ligne-temps, également illustrée, replaçait la vie et l’œuvre de Pestalozzi dans le contexte de l’époque, au sens très large du terme, mentionnant des faits marquants sur le plan historique, scientifique, technique et artistique, par exemple:

la découverte des ruines de Pompéi – les débuts de l’Encyclopédie de Diderot et d’Alembert – l’ouverture du British Museum – la machine à vapeur – la découverte de Tahiti – l’hydrogène – l’oxygène – les «Isles de glace» (icebergs) des mers australes décrites par James Cook – le premier vol humain en montgolfière – la Révolution française – la Déclaration des Droits de l’Homme – la guillotine – l’éclairage au gaz – le premier télégraphe (optique) – la boîte de conserve – la vaccination anti-variolique – la pile électrique – le sous-marin – le pillage du Parthénon – le sacre de Napoléon – les contes de Grimm – le sucre de betterave – la Bérézina – la draisienne – le stéthoscope – la première traversée de l’Atlantique en bateau à vapeur – le «Radeau de la Méduse» – Ivanhoé – le déchiffrage des hiéroglyphes – l’accordéon – la première ligne de chemin de fer, etc.

Les trois pages de la lettre d’invitation que la ville d’Yverdon avait envoyée à Pestalozzi ont été agrandies sur tissu et suspendues, partageant la salle en deux zones, la première étant consacrée à la période antérieure à Yverdon, la seconde aux quatre instituts yverdonnois, au rayonnement international de Pestalozzi et aux institutions pestalozziennes actuelles.

Les objets de la collection, complétés par quelques fac-similés, étaient présentés dans six vitrines placées dans des niches situées de part et d’autre de la salle. Les cadres accueillant les gravures et illustrations étaient suspendus en arrière-plan des vitrines.

Conclusion

Un très grand merci à Daniel Leutenegger qui m’a permis, en me demandant d’apporter un témoignage sur la mémoire telle que je la traite dans le cadre de mon travail, de me pencher sur tous les embryons de théorie que j’avais vaguement échafaudés et laissés en pile dans un coin de mon cerveau. J’ai pu me rendre compte qu’ils étaient pour le moins fumeux et que mon travail a un côté assez terre-à-terre qui peut se résumer ainsi: quel sujet? dans quel lieu? pour quel public? pour quelle date? pour combien de temps? pour quel budget? Toutes questions qui débouchent sur LA question de loin la plus passionnante: COMMENT?

www.dominique-tcherdyne.ch

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Dominique Tcherdyne

Scénographe, muséographe, graphic designer, Lausanne