Kommentare Abstract
Zurück zur Übersicht

Hommage à Cristina Bianchi

Kommentare Abstract

Quand l’archivistique se conjugue à tous les niveaux et dans les différents environnements professionnels. Hommage à Cristina Bianchi (1957-2017), subitement disparue.
Écrit par Gilbert Coutaz, directeur des Archives cantonales vaudoises.

Les 12-14 juillet 2017, les archivistes de l’arc alpin occidental tenaient leur VIIIe Colloque à Torre Pellice dont le nom est étroitement lié à celle des vallées vaudoises et du peuple vaudois. Cristina Bianchi, originaire de la région, a prononcé une contribution remarquée, au titre évocateur et à certains égards déconcertant: «Pully “Time Machine“, la pluralité des types d’archives d’une municipalité est-elle interopérable?», dans le cadre du thème de la réunion «Les archives au centre du patrimoine culturel». Le dimanche 15 octobre, elle se rendait au 11th IIAS Autums Archival School 2017 (15-22 octobre) à Trieste, pour tenir une nouvelle conférence devant des participants provenant principalement des pays de l’Europe de l’est. Comme si cela ne suffisait pas, nous avions encore parlé de son voyage à Mexico City pour une séance de la Section des Associations Professionnelles (SPA) du Conseil international des Archives, dans laquelle elle représente l’Association des archivistes suisses depuis 2012. A la même occasion, elle devait prendre part à la Rencontre annuelle de l’Associación Latinoamericana de Archivos et le Conseil international des archivistes (27-29 novembre), consacrée au thème «Archives, Citoyenneté et Interculturalisme» dans lequel la personnalité de Cristina Bianchi se retrouve entièrement.

Toujours entre deux destinations, passant aisément à grands pas, du plan local (depuis 2005, elle avait la responsabilité des Archives communales de Pully), au plan international, sans oublier son attachement aux activités cantonales (elle était membre du comité de l’Association vaudoise des archivistes, depuis 2009), et son implication forte au sein de l’Association des archivistes suisses (elle a traversé deux présidences, au sein des comités de 1998 à 2005), Cristina Bianchi a mis toute son énergie et son dynamisme au service de la profession d’archiviste; elle en été une ambassadrice rayonnante, séduisante et stimulante. Passer les frontières, s’inscrire dans les cultures et les traditions professionnelles des pays qu’elle traversait ne la rebutaient pas. Bien au contraire, elle en maîtrisait les parlers, ou du moins, ses capacités de s’exprimer en plusieurs langues dont l’anglais et l’espagnol lui permettaient de nouer les contacts et d’étendre ses réseaux d’amitiés. Dans ce contexte, il n’est pas étonnant qu’elle ait été choisie comme secrétaire générale de la SPA; en sa qualité de membre exécutif du Groupe de travail sur les droits de l’homme (CIA-HRWG), elle traduisait les textes en français dont notre association profita systématiquement depuis août 2011. Cette mobilité et curiosité sans borne (frontière) se retrouvent dans sa formation en «Information Science», venue compléter celle d’universitaire, qui l’amena à fréquenter des universités espagnole et américaine. Elles se lisent aussi (c’est rare dans le cursus des archivistes suisses) au travers de ses différentes expériences professionnelles: son parcours débute entre 1993 et 1996, au Conseil oecuménique des Eglises (WWW-COE), se poursuit entre 1997 et 2004 aux Archives historiques du Comité international olympique à Lausanne avant de s’ancrer aux Archives communales de Pully. Personnalité exceptionnelle par son envie d’engranger de nouvelles connaissances, de confronter ses convictions (elle a été enseignante, durant de nombreuses années, à la Haute École de gestion de Genève) et de découvrir comme de faire découvrir un métier dont elle a voulu faire le tour, comme elle a fait le tour du monde, Cristina a arpenté tous les chemins de la profession, elle qui adorait la randonnée (elle avait pour habitude de prolonger ses séjours professionnels dans les lieux où les réunions se tenaient, notamment lors des assemblées générales de notre association). Sa boulimie des rendez-vous qu’elle abordait d’humeur égale, sa course en avant (elle qui aimait pratiquer le sport et respectait les consignes de santé) se sont interrompus, sans annonce préalable: un accident vasculaire cérébral l’a terrassée, le 26 octobre 2017. 

La cérémonie religieuse d’adieu à Lausanne, le 1er novembre, a fait accourir une foule immense, composée de nombreux amis et de connaissances intergénérationnelles dépassant largement le cadre professionnel, émus et perplexes devant l’injustice de la mort, Cristina Bianchi venait de fêter ses 60 ans. Notre association perd un ses membres charismatiques, à l’engagement sans faille et qui aura donné de notre communauté une image généreuse et de grande disponibilité. Nous voilà désormais orphelins d’une professionnelle, d’une collègue, d’une amie, voire d’une confidente qui aura transmis sa joie de vivre et son sens du partage. Cristina Bianchi a bien mérité la reconnaissance de notre association, elle qui l’a portée, sans que l’on n’en ait toujours mesuré l’importance, loin à la ronde. Son empreinte est désormais dans nos esprits et nos cœurs.