Les archivistes se remettent en question, vraiment?
Les archivistes, comme les bibliothécaires, conservent une image poussiéreuse et passéiste qui leur colle à la peau et dans laquelle nous ne nous reconnaissons pas. Face à ce constat, les archivistes suisses ont axé leur journée professionnelle 2015 autour de la question: «A-t-on encore besoin d’archivistes? Unser Berufsbild im Wandel».
Et pourtant, quelle image professionnelle offre-t-on vraiment? Dans ces réunions entre pairs, nous pouvons sans autre larmoyer et nous taper sur les épaules pour nous rassurer. À l’écoute de certains intervenants de la journée professionnelle, je l’avoue, j’ai pourtant eu honte de ma profession. Quand je me reconnaissais plus dans les propos de documentalistes ou d’informaticiens que dans ceux de mes collègues archivistes, je me dis que l’image de mon métier n’est pas prête de changer. Quelles compétences devrions-nous avoir? Rédiger des brochures commémoratives ou organiser des expositions dans le cadre de manifestations ponctuelles? Dans ce cas, avons-nous encore besoin d’historiens ou de muséologues? Est-ce vraiment à l’archiviste de mener ces tâches-là de valorisation? Personnellement, je n’y crois pas. Nous pouvons – nous devons – amener bien plus à la société dans son ensemble que quelques clichés du passé.
Lors de cette journée professionnelle à Porrentruy, plusieurs intervenants ont insisté sur l’importance d’obtenir des données de qualité. Et pourtant, si les archivistes sont les premiers à se plaindre d’une absence de descriptions des documents par les producteurs, force est de constater qu’eux- mêmes ne se préoccupent pas de la qualité de leurs métadonnées lorsqu’ils agissent comme producteurs. Des exemples? Ils sont hélas trop nombreux, telle cette invitation PDF pour la journée professionnelle sur le site web de l’AAS sobrement intitulée «Microsoft Word».
Alors, à quoi servons-nous vraiment? Pour moi, simplement à garantir l’accès à l’information pertinente, parfois pendant très longtemps. Peu importent les changements organisationnels ou techniques dans notre environnement. Les archivistes doivent croire à leur mission et avoir confiance dans leurs compétences, quelles qu’elles soient. Si nous sommes convaincus de notre importance pour le présent et l’avenir de notre société de l’information, nous n’avons pas peur de sortir de notre zone de confort pour aller à la rencontre de tout en chacun.
Mon bilan tout personnel de cette journée professionnelle: Avant d’aller donner des leçons et se plaindre de la situation actuelle, balayons devant notre porte et commençons par faire nous-même le travail que nous exigeons des autres! Notre message n’en sera que plus crédible et écouté par l’ensemble.
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