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2011/4 Kommunizieren wir!

Né pour lire, Suisse romande – un projet national en voie de régionalisation

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Né pour lire, lancé en Suisse en avril 2008 par Bibliomedia Suisse et l’Institut suisse Jeunesse et Médias, vit en 2011 sa quatrième année d’existence. Une nouvelle version du coffret de livres offert à chaque enfant qui naît en Suisse vient de paraître.

Des livres en cadeau à la naissance

En Suisse romande, la distribution des coffrets de naissance se déroule dans les maternités. La couverture des naissances est par conséquent très élevée:plus de 75% des familles dans lesquelles naît un enfant reçoivent le coffret de naissance. Depuis le lancement du projet, 51 000 coffrets en français ont été distribués aux bébés de Suisse romande.

Le coffret existe dans les trois langues nationales. Un flyer multilingue – actuellement en 14 langues – expliquant le projet et son leitmotiv est distribué par les relais du projet (maternités, bibliothèques, centre de puériculture).

Deux livres d’images colorés donnent une nouvelle impulsion au contenu. La brochure des parents, quant à elle, a été enrichie d’un texte d’introduction permettant de mieux faire comprendre ce projet, c’est-à-dire sensibiliser les familles et leurs jeunes enfants au développement précoce du langage.

Les coûts de production du coffret, d’envoi et de gestion avoisinent les 500 000 francs par année.

Le rôle des bibliothèques

Les bibliothèques jouent un rôle de plus en plus important dans le projet. 250 bibliothécaires ont été formés comme médiateurs de livres pour la toute petite enfance grâce à des formations CLP. 40 bibliothèques de Suisse romande organisent de ce fait au moins une fois par mois des animations Né pour lire, des accueils assez brefs (1 heure en moyenne) dédiés à ce public, généralement en dehors des heures d’ouverture habituelles.

Le succès de ces animations ne s’est pas fait attendre, et les bibliothèques qui se sont lancées dans ces accueils témoignent de manière unanime qu’elles touchent maintenant une nouvelle catégorie de population, pour la plupart des jeunes adultes prêts à redevenir lecteur dans leur nouveau cadre familial.

Toutefois, les bibliothèques pourraient encore améliorer leur emprise sur le terrain. Par exemple en prenant contact avec une des 13 maternités publiques qui distribuent le coffret pour tisser des liens entre les nouveaux parents et leur institution. Actuellement, seule l’invitation figurant dans la brochure «parents» du coffret les sensibilise. On pourrait imaginer que les bibliothécaires fassent insérer un papillon sur leur établissement par le personnel hospitalier.

Et les librairies?

En été 2010 le projet s’est enrichi d’une nouvelle branche. Les librairies ont développé une extension pour les familles, qui élargit les possibilités de Né pour lire. Le Club Né pour lire dont peuvent faire partie toutes les familles qui le souhaitent publie trois sélections de 10 livres par année destinés au jeune public de 0 à 6 ans. Ces livres sont labellisés sur les rayons jeunesse de plus de 30 librairies romandes, et un rabais de 10% est accordé sur ces titres.

Un mot sur l’avenir

Il reste à créer un lien fort entre les professionnels transmettant le message du projet et les familles. Le développement précoce du langage chez l’enfant nécessite un engagement constant et doit toucher les familles qui en ont vraiment besoin: les familles allophones, celles qui ne fréquentent pas les bibliothèques ou les librairies, et celles dans lesquelles le livre reste souvent absent. Pour toutes ces familles, un relais avec les centres de puériculture, les lieux de vie de la petite enfance, avec les instances officielles fédérales, cantonales ou communales pour les questions relatives aux migrants ou de protection de la jeunesse doit être établi. Et un soutien financier des mêmes partenaires devrait être prévu tant il touche le cœur de notre société.

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Laurent Voisard

Directeur Bibliomedia Lausanne