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2017/2 Tatorte

Obi Wan Kenobi et Cie dans les archives

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Les archives sont régulièrement victimes d’agressions plus ou moins volontaires pouvant mettre en péril leur bonne conservation et leur transmission aux générations futures. À l’aide d’exemples tirés de fictions ou bien réels, nous avons tenté une revue de détail des dangers qui les menacent.

Archives, bibliothèques et musées peuvent être victimes de véritables « crimes », volontaires ou non, tout au long de l’existence des documents et œuvres qui y sont conservées et parfois avant même d’arriver jusque dans ces institutions sensées leur offrir une protection et une conservation adaptées à leurs besoins pour leur permettre de traverser les temps jusqu’aux générations futures.

Afin de ne pas pointer les failles d’une institution en particulier, le choix a été fait d’aborder cette thématique à travers les œuvres de fiction qui regorgent d’exemples plus ou moins réalistes de ce que les documents peuvent subir. Plongeons ensemble dans une fiction parfois très proche de la réalité.

Le crime par omission

Les archivistes le savent bien, malgré leurs mises en garde, leur pédagogie et leur précaution, des documents ne parviennent jamais jusqu’à eux. Les services versants préfèrent parfois détruire des données jugées sensibles afin que les chercheurs ne tombent pas dessus. Rappelez-vous de cette scène de l’Attaque des Clones, second volet de la trilogie Star Wars, lorsqu’Obi Wan Kenobi cherche la trace du système planétaire de Kamino dans les archives mais n’en trouve aucune trace (voir: https://archivespop.wordpress.com/2014/11/02/archivistes-que-la-force-soit-avec-vous/). L’archiviste revêche à laquelle le Jedi pose son problème l’envoie paître de manière peu amène en lui disant que si les données ne sont pas dans les archives, c’est que le système n’existe pas. Dans les faits, les archivistes sont moins catégoriques et savent bien qu’en période post-électorale et en cas de changement de majorité, les cabinets déversent des tombereaux d’archives à la poubelle ou effacent des fichiers sans les verser. Le cas a été évoqué par Estelle François, archiviste de Chalon-sur-Saône, lors des dernières élections municipales (« La déontologie de l’archiviste face à l’alternance politique», La Gazette des Archives n°242, 2016-2, p. 39-51). Plus généralement, un contact permanent avec les services versants permet de rappeler le rôle des archives et l’obligation de verser les documents ou de justifier de leur élimination. Expérience faite, rassurer les services paraît toujours plus efficace que de leur brandir une loi contraignante, mais les deux sont parfois nécessaires selon les circonstances.

Le crime du passionné

Dans une scène fameuse du film Anges et Démons tiré de l’ouvrage de Dan Brown, le professeur Robert Langdon, incarné par Tom Hanks, se rend dans les archives du Vatican avec son acolyte Vittoria. Ils tombent dans une salle high-tech ultra moderne mais pas très bien surveillée, parce qu’une fois qu’ils se sont extasiés devant un ouvrage de Galilée, ils en arrachent une page. Cette scène montre clairement l’importance d’une surveillance constante des usagers qui peuvent être hélas tentés d’emporter un souvenir, tels les collectionneurs d’en-têtes, de sceaux, de timbres ou de filigranes, certains généalogistes qui, à une époque, emportaient la page portant l’acte où figurait leur ancêtre. Le chercheur passionné peut être un danger pour le document à force de vouloir l’examiner et le décortiquer. Ainsi Benjamin Gates avec la déclaration d’indépendance des États-Unis qui vole le document et applique du jus de citron sur ce document unique pour révéler des inscriptions cachées. Il arrive parfois que les lecteurs, en effet, apposent leur marque en soulignant, cornant ou ajoutant des commentaires en marge des ouvrages ou des documents.

Le crime du maladroit

Lorsqu’il regarde les œuvres de fiction et le traitement qui est parfois réservé aux documents, le professionnel de l’information a de quoi bondir : dans Erin Brockovich, Julia Roberts écrase les archives en les photocopiant. Si on lit Batman le Culte, on s’aperçoit que les magasiniers entassent les archives dans des chariots sans aucune précaution dans un vrac total. Ces deux exemples démontrent que les archivistes et les magasiniers sont parfois trop pressés ou pas encore assez sensibilisés à la bonne manipulation des documents, ce qui peut aboutir à des dégâts importants sur les documents. Malgré les formations diplômantes qui sensibilisent les professionnels à la bonne conservation, il convient de rester vigilant avec les personnels et de maintenir une attention constante en leur prodiguant les formations nécessaires à la conservation préventive et curative. Ce constat est également valable dans les bibliothèques ou les musées dans lesquels une mauvaise manœuvre peut avoir des conséquences catastrophiques pour une œuvre et occasionner des frais de restauration qui auraient largement pu être évités. Une malveillance externe peut aussi être à l’origine de catastrophes irrémédiables comme l’incendie des archives de Pontarlier dû à un feu de paille, celle-ci ayant été accumulée le long des murs de la mairie. Une troupe d’irresponsables ayant allumé le feu, une grande partie de l’histoire de la ville est partie en fumée.

À travers ce petit catalogue, nous avons tenté de mettre au jour trois grands types de crimes qui peuvent être commis, volontairement ou non, à l’encontre des œuvres et documents patrimoniaux. Il ne s’agit, hélas, pas seulement de fiction et nos métiers nous incitent à une vigilance constante pour éviter que des criminels volontaires ou non ne détruisent notre patrimoine commun.

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Sonia Dollinger

Sonia Dollinger est Directrice du Patrimoine culturel de la ville de Beaune depuis 2008 et directrice des Archives municipales depuis 2001. Elle est titulaire d’un DEA d’histoire contemporaine et d’un DESS Histoire et métiers des Archives obtenu à l’Université d’Angers. La sauvegarde et la valorisation des archives auprès des publics les plus variés sont ses deux combats principaux, c’est pourquoi elle est très présente sur les médias sociaux (blog Archives et culture pop’). 

Abstract

In der Fiktion, insbesondere in den Filmen der Populärkultur, sind die Dokumente der Archive, die Werke der Bibliotheken und generelle Kunstwerke oft Gefahren und Bedrohungen ausgesetzt, die sie zerstören könnten. Daher sollte eine präventive Konservierung permanent wachsam sein.